La revanche des oubliés de la Vè République

Publié le par PRG

Les Echos le 18 Juillet 2008
François Fillon a reçu leur président à Matignon et s'est montré compréhensif à l'égard de ses « positions » et de ses « demandes » ; François Hollande en a appelé à leur « conscience », les priant de « bien réfléchir à la situation » ; et les journalistes poursuivent chacun d'eux pour sonder leurs états d'âme à quelques jours du Congrès à Versailles. Devant tant de sollicitude, les 11 députés et 7 sénateurs du Parti radical de gauche passent de l'étonnement flatté à l'agacement fatigué. Ils tiennent entre leurs mains le sort de la réforme institutionnelle. Ils n'avaient plus l'habitude que leur petit parti mobilise à ce point les médias et les plus hautes autorités de l'Etat. La Ve République avait été conçue pour mettre fin aux tractations avec ces formations « charnières » à la recherche d'improbables majorités. Et ce n'est pas le moindre des paradoxes que sa réforme remette, pour un temps, ces formations à l'honneur.

« Cela a un relent de IVe », grince un haut responsable de la majorité. « Certains dramatisent beaucoup », relativise Jean-Michel Baylet, le président du PRG. L'homme semble pourtant goûter l'instant : de retour du studio de France 2, il est encore attendu, au siège de son parti, par une quinzaine de journalistes des télés, radios et presse écrite, venus assister à sa conférence de presse. La voix chaude et le timbre rocailleux, l'élu du Sud-Ouest - il est sénateur du Tarn-et-Garonne - enveloppe de ses manières rondes toutes ses mises au point. « La politique, ce n'est pas la guerre civile idéologique », répète-t-il. Il se dit que les voix du PRG seraient « achetées » ? « N'employez pas des mots comme cela... », répond-il, bonhomme. Si Jean-Michel Baylet pousse ses troupes à voter pour la réforme institutionnelle c'est « par conviction ». François Mitterrand, Pierre Mendès France et son père Jean Baylet (député de 1946 à 1958) « ont combattu » la Ve République, son parti, le PRG, plaide de longue date pour une VIe République et lui-même a « écrit un bouquin » sur le sujet. Alors c'est certain, le gouvernement ne lui a « rien promis » et il « n'a rien négocié»... La nomination de l'ancien président du parti, Jean-François Hory, au Conseil d'Etat n'est qu'un « rééquilibrage » en faveur des radicaux de gauche qui n'y avaient pas de représentants. La promesse faite par Nicolas Sarkozy d'abaisser à 15 le nombre de parlementaires nécessaires pour former un groupe répond à une « demande ancienne » formulée aussi par le PCF et les Verts. Jean-Michel Baylet « n'a rien négocié », mais, ajoute-t-il, « je suis ravi quand on m'accorde ce que je réclame ». Et de conclure, dupe de personne et peut-être pas de lui-même : « Il y a des gens aussi dans la majorité qui savent faire de la politique et qui ont considéré que c'était opportun. »

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