Il est venu le temps des radicaux

Publié le par PRG

Le temps des radicaux

Le Figaro le 18 Mai 2008

Dix jours après le vote par lequel les Français ont choisi leur Président de la République, les radicaux de gauche ont évidemment une première envie, celle de féliciter et de remercier Ségolène Royal pour la campagne innovante, audacieuse et difficile qu’elle a menée. Elle a su réconcilier une partie de la gauche avec des principes trop oubliés tels que la restauration de l’autorité légitime ou la fierté d’une identité nationale enrichie et renforcée de toutes les différences qui la composent.

Dès le soir du 6 mai, Ségolène Royal a souhaité voir une France conciliée, apaisée, après la confrontation de projets qui venait d’être tranchée par nos concitoyens. Les radicaux de gauche ont également noté que dès son élection, Nicolas Sarkozy en appelait lui aussi à une réconciliation et à un rassemblement des Français. La France n’est grande que lorsqu’elle est unie.

Malheureusement, nous avons dû déplorer simultanément les propos de nombre de dirigeants socialistes qui, après avoir attaqué leur propre candidate avant et après la campagne, lui disputaient la direction de leur parti alors que la perspective des élections législatives — et la décence, dans ce moment difficile — imposait la plus large union.

Pour la troisième fois consécutive, l’incapacité du parti socialiste à organiser le rassemblement qu’il prétend conduire seul a entraîné ses alliés dans la défaite lors du rendez-vous électoral majeur dans nos institutions. Pour leur part, les radicaux de gauche ne sont plus décidés à pâtir encore de ces sempiternelles divisions.

L’heure est au contraire à l’union. Nous avons relevé, avec satisfaction, les gestes d’ouverture politique déjà effectués par le nouveau Président de la République. Il a tendu la main à des personnalités de gauche en leur demandant de travailler avec lui dans l’intérêt de la France. Certaines de ces personnalités ont accepté la main ainsi tendue ; c’est une démarche difficile, courageuse mais individuelle.

Nous pensons, quant à nous, que les rassemblements doivent s’opérer sur des bases politiques claires, sur des projets communs, à tout le moins sur un inventaire de convergences et devant les électeurs C’est pourquoi je lance ici très solennellement, en ma qualité de président du Parti radical de gauche, un appel à mes amis Jean-Louis Borloo et André Rossinot, qui co-président le Parti radical valoisien. Depuis trente-cinq ans nous sommes artificiellement séparés par une frontière tracée non par les institutions mais par la stratégie d’union de la gauche qui n’a plus d’actualité.

Le succès relatif remporté par François Bayrou montre qu’une partie significative de nos concitoyens juge également cette frontière artificielle. Allons-nous, nous radicaux, laisser un seul homme occuper le terrain politique central où convergent tant d’aspirations sociales ? Allons-nous laisser les représentants de la démocratie chrétienne occuper les territoires de la laïcité et de l’humanisme républicain ?

Plus que jamais, la France — et l’Europe avec elle — a besoin des valeurs que le radicalisme a portées depuis plus d’un siècle : solidarisme, justice, égalité en droits, tolérance.

Dès après les élections législatives, je propose donc à tous mes amis radicaux de travailler ensemble à élaborer des projets qui répondront aux urgences sociales, à reprendre les habitudes du travail en commun, à opérer des additions plutôt qu’à cultiver les divisions. Quand vient le temps du rassemblement, il est naturel que les frères séparés soient les premiers à se retrouver. Et pourquoi pas, à la fin, réunifier ce vieux parti radical qui a tant donné à la France et qui a tout à lui apporter encore ? Il est revenu le temps des radicaux.

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