Le Sénat en quête de nouveaux équilibres, PS, PRG, UMP, RDSE...

Publié le par PRG

  • Le Figaro le 25 Aout 2008
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    Lors du scrutin de septembre,56 des 159 sièges de l'UMP sont soumis à renouvellement, et le groupe, qui a perdu la majorité absolue en 2004, pourrait y laisser encore quelques plumes.
    Lors du scrutin de septembre,56 des 159 sièges de l'UMP sont soumis à renouvellement, et le groupe, qui a perdu la majorité absolue en 2004, pourrait y laisser encore quelques plumes.
     Crédits photo : LUDOVIC/REA

    L'UMP compte sur les sièges nouvellement créés pour limiter les pertes. Le PS progresse, mais n'est toujours pas en situation de conquérir la présidence.

    Ils sont 50 873. Députés, conseillers régionaux, conseillers généraux, conseillers de l'Assemblée des Français de l'étranger et, surtout, représentants des communes de France, ce sont les grands électeurs des sénatoriales 2008. Le 21 septembre prochain, cent quatorze sièges sont à pourvoir. Ils représentent les départements de l'Ain à l'Indre, le Territoire de Belfort et la Guyane, quatre collectivités territoriales d'outre-mer et les Français de l'étranger.

    Cette série n'a pas été soumise au scrutin depuis une décennie. Élus à l'époque pour neuf ans, les sénateurs concernés ont vu leur mandat prolongé d'une année en raison de «l'encombrement électoral» de 2007. Dans la majorité, certains regrettent aujourd'hui ce choix, car le recul de la droite aux municipales et aux cantonales du printemps ne facilite pas la tâche de leurs candidats. «On nous explique aujourd'hui qu'organiser les sénatoriales dans la foulée de la présidentielle aurait été plus judicieux, philosophe un cadre de l'UMP. Mais souvent, les reproches viennent de ceux qui, à l'époque, demandaient que l'on décale le calendrier. Alors…» Alors, chacun s'habitue à l'idée que les résultats ne seront pas très bons pour l'UMP cette année. La décennie que viennent clore ces élections est en effet marquée par un recul historique de l'UMP et de ses alliés dans les collectivités locales. Depuis 1998, la droite n'a connu qu'une seule vraie victoire, les municipales de 2001, malgré la perte de Paris et de Lyon. Les municipales de 2008, les cantonales de 2001, 2004 et 2008, les régionales de 2004, à l'inverse, sonnent comme autant de défaites pour l'actuelle majorité, alors que la gauche échouait dans le même temps aux scrutins nationaux.

    Cette succession de vagues roses permet ainsi à la gauche de présenter un profil avantageux à la veille des sénatoriales : elle contrôle aujourd'hui 20 Régions, 58 départements, 183 des 314 communes de plus de 30 000 habitants. Forte de ce bilan, la gauche réclame une réforme du mode de scrutin sénatorial. Le président du groupe socialiste, Jean-Pierre Bel, en avait fait une «condition majeure» à un vote favorable de la révision constitutionnelle. «Le Sénat, qui représente les collectivités territoriales, ne peut pas passer à gauche et ne peut pas changer de majorité. Il y a là une espèce d'iniquité démocratique, une anomalie démocratique», dénonçait le sénateur de l'Ariège, reprenant la formule de Lionel Jospin. Depuis 1958, le Sénat est la seule institution française à n'avoir pas connu d'alternance. On connaît cependant la suite : la révision constitutionnelle a été adoptée et le mode de scrutin des sénatoriales demeure. Il est la meilleure garantie pour la majorité de limiter la casse.

     

    Petites communes surreprésentées

     

    Sur les 50 873 grands électeurs appelés à voter le 21 septembre, plus de 48 000 proviennent des conseils municipaux. Or la gauche a beau détenir une majorité de grandes villes, les petites communes, où la droite est largement dominante, restent favorisées. Une ville de 5 000 habitants, qui envoie 15 délégués, est ainsi surreprésentée par rapport à une ville de 100 000 habitants qui en désigne 125.

    Lors du scrutin de septembre, 56 des 159 sièges du groupe sont soumis à renouvellement, et l'UMP, qui a perdu la majorité absolue en 2004, pourrait y laisser encore quelques plumes. Le groupe socialiste détient actuellement 95 sièges, et le groupe Communiste, Républicain et Citoyen (qui réunit sénateurs du PCF et chevènementistes) en compte 23. Même avec l'appui d'une partie du groupe RDSE, qui rassemble radicaux de droite et de gauche, il manque près d'une cinquantaine de sièges à l'opposition pour faire basculer la majorité. Autant dire mission impossible.

    «Nous progressons régulièrement même si cela ne va pas assez vite à notre goût, concède Bruno Le Roux, secrétaire national aux élections du Parti socialiste. Cette année, nous tablons sur la conquête d'une douzaine de sièges pour la gauche.» Le PS mise notamment sur plusieurs départements qui n'envoient aujourd'hui aucun sénateur de gauche.

    Dans le Gers, où la gauche contrôle le conseil général, la ville d'Auch et vient de prendre Condom, le PS compte ainsi gagner au moins un des deux sièges. Autre terre de conquête pour la gauche, l'Ille-et-Vilaine, où elle ne détient aucun des quatre sièges. L'ancien maire de Rennes Edmond Hervé, qui a passé la main après 31 ans de mandat municipal et 26 ans à l'Assemblée, espère poursuivre sa carrière au Sénat. Le scrutin proportionnel pourrait favoriser la gauche qui contrôle le conseil général et vient de prendre la ville de Fougères. Le centriste sortant Philippe Nogrix espère cependant tirer son épingle du jeu.

     

    Chances de succès pour la droite hors métropole

     

    En Côte-d'Or, le PS aligne également deux candidats de poids. Fort de sa réélection à Dijon, le numéro 2 du PS François Rebsamen compte bien décrocher un premier mandat de parlementaire. À ses côtés, François Patriat, ancien député et président du conseil régional de Bourgogne, ne fera pas non plus de la figuration. Louis de Broissia, le sénateur UMP sortant qui a accueilli le dalaï-lama au Sénat, se représente. Mais le parti présidentiel, qui détient actuellement les trois sièges, a dû composer cette année avec la nouvelle majorité départementale de François Sauvadet (Nouveau Centre) et soutient ainsi le conseiller général divers droite Alain Houpert.

    La crise de la droite aveyronnaise pourrait également jouer en faveur de la gauche. L'ancien ministre Jean Puech, président du conseil général, peut envisager avec confiance un cinquième mandat. Mais le siège de Bernard Seillier, sénateur RDSE et vice-président du Mouvement pour la France, est âprement disputé. Le PS présente Alain Fauconnier, maire de Saint-Affrique et conseiller régional de Midi-Pyrénées. Battus par la gauche en mars, les anciens maires UMP de Rodez et de Millau, Marc Censi et Jacques Godfrain, se livrent une guerre des chefs dangereuse pour la droite.

    Dans l'Ain, dont le conseil général vient de basculer à gauche, le PS espère également faire un coup. Les deux sénateurs sortants sont UMP, mais un troisième siège est créé cette année. «On est appelé à faire quelque chose», commente sobrement Bruno Le Roux. Tout comme en Corrèze, département passé à gauche cette année après que Tulle a basculé en 2001. Ni Bernard Murat (UMP) ni Georges Mouly (RDSE) ne se représentent, ce qui aiguise les vocations à droite. L'UMP a investi le conseiller général Daniel Chasseing et son collègue Jean-Pierre Decaie, maire de Lubersac, battu aux législatives de 2007 par François Hollande.

    Parmi les départements où un siège de sénateur supplémentaire est créé, la gauche espère renforcer ses positions dans les Bouches-du-Rhône, la Drôme et la Haute-Garonne, tandis que la droite mise sur l'Ain, les Alpes-Maritimes, l'Eure-et-Loir, la Gironde et, surtout, l'Hérault. «La situation là-bas est du pain bénit pour nous, se réjouit Alain Marleix, secrétaire national aux élections à l'UMP. La gauche présente trois listes, plus une liste d'extrême gauche.» La liste du député européen Robert Navarro, investi par le PS, affronte en effet celles des sénateurs sortants Gérard Delfau (RDSE) et Robert Tropéano (PS). Le maire UMP de Béziers, Raymond Couderc, élu sénateur lors d'une partielle en 2007, mise sur le passage au scrutin proportionnel pour décrocher deux sièges.

    Les plus grandes chances de succès pour la droite sont cependant ailleurs, hors de métropole. En Guyane et en Polynésie, qui passent de un à deux sièges, elle compte faire carton plein. Il est également probable que les deux nouveaux sièges de Saint-Barthélemy et Saint-Martin reviennent à la majorité actuelle.

    «Au final, le résultat sera assez équilibré, assure Alain Marleix. Ça sera difficile, mais on peut même espérer un solde positif pour la majorité de quatre ou cinq sièges.» Une majorité au sens large, puisque l'UMP soutient des candidats au-delà de ses rangs. Dans le Calvados, le parti présidentiel fait une place au sénateur centriste Jean-Léonce Dupont.

    Dans l'Eure, un autre élu du Nouveau Centre, Hervé Maurey, est appelé à succéder au sénateur UMP Jean-Luc Miraux. Et il n'est un secret pour personne, dans les travées du Luxembourg, que l'UMP est attachée à la réélection du président du groupe RDSE Pierre Laffitte dans les Alpes-Maritimes ou d'Aymeri de Montesquiou dans le Gers. Voilà qui ne facilitera pas la lecture des résultats le 21 septembre. La bataille pour la présidence du Sénat pourra alors commencer.

Publié dans article sur le PRG

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