Les Echos le 26 Aout 2008
Il est nécessaire de réexaminer l'ensemble des niches fiscales pour mieux financer nos politiques sociales, en particulier la généralisation du revenu de solidarité active (RSA). Le rapport rendu récemment par Didier Migaud et Gilles Carrez a permis de dresser un état des lieux précis d'une situation désormais très préoccupante. Les dispositifs, par empilements successifs, se sont superposés les uns aux autres sans cohérence. Leurs objectifs sont fréquemment peu lisibles et parfois concurrents, ce qui confine globalement à une situation absurde. Cet effet boule de neige des dépenses fiscales conduit aujourd'hui à une situation non maîtrisée : les niches fiscales représentent 73 milliards d'euros en 2008, soit presque deux fois le déficit budgétaire de l'Etat. Les « niches sociales » ont connu une évolution parallèle pour dépasser 41 milliards d'euros, selon le dernier rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale, soit 40 % de la totalité de notre dette sociale ! La Cour des comptes avait, elle aussi, dénoncé, en 2007, les larges exonérations de prélèvements sociaux dont bénéficient les stock-options et qui constituent un véritable défi aux principes d'équité les plus élémentaires. Dans ces conditions, la croissance des niches fiscales et des niches sociales revient à siphonner par de moindres recettes les économies durement gagnées en dépenses. Ce hiatus ne peut plus être accepté si l'on veut atteindre l'objectif ambitieux fixé par le président de la République d'un retour à l'équilibre budgétaire en 2012. Si le diagnostic est clair, les leviers d'action sont également désormais bien identifiés. Nous devons remettre en cause les niches les plus injustes comme celles afférentes aux stock-options et supprimer ou encadrer celles qui n'ont pas fait la preuve de leur efficacité. Par exemple, la prime pour l'emploi ou la défiscalisation outre-mer pourraient voir leur impact renforcé par un meilleur ciblage. De façon plus globale, la mise au point d'un dispositif de plafonnement global permettrait de s'assurer que les contribuables les plus aisés ne puissent se soustraire à l'impôt et mieux garantir le principe de justice fiscale selon lequel l'impôt doit être corrélé aux ressources des contribuables. Le constat et les outils de changement étant maintenant largement acceptés, nous avons à nous rassembler pour désormais passer aux actes. Le Parti radical a déjà donné des signes clairs en ce sens et entend être force de proposition pour créer les conditions de ce large rassemblement et, enfin, mettre un terme à ces risques d'inéquité fiscale et sociale. Nous devons, en priorité, construire une véritable gouvernance de la politique d'intervention fiscale en introduisant un principe de réexamen annuel de chaque dépense fiscale par le Parlement et en construisant un volet performance des dépenses fiscales avec objectifs et indicateurs d'efficacité, à l'image de la construction du budget de l'Etat depuis la LOLF en 2001. Seule cette démarche de performance, objective et partagée, permettra d'identifier et de renforcer les dépenses fiscales socialement les plus utiles comme les aides en faveur de la prise en charge des personnes dépendantes ou pour l'aide à la garde d'enfant. Le Parti radical entend apporter sa contribution pour instituer cette gouvernance nouvelle de notre politique fiscale et sociale dès la discussion du projet de loi de Finances pour 2009. Redonner confiance dans la justice de notre système fiscal, rééquilibrer nos finances publiques et renforcer les interventions socialement les plus utiles : ces trois objectifs majeurs sont maintenant à portée de main si nous savons nous rassembler et agir. |