La maladie de la gauche française par Aphatie

Publié le par PRG

Le spectacle était étonnant, ce week-end, à la fête de l'Humanité.

François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste, cotoyait Marie-George Buffet et Cécile Duflot, dirigeantes respectives du parti communiste et des Verts. Marie-George Buffet a plusieurs fois évoqué lors de ses différentes prises de parole "ses espérances révolutionnaires", tandis que Cécile Duflot a assuré, elle, que le "projet écologiste est à peu près aussi radical que celui du nouveau parti anticapitaliste" d'Olivier Besancenot. C'est pourtant avec les représentantes de ces deux partis que François Hollande a indiqué, samedi, vouloir construire un "gauche durable", nouvelle version de la "gauche plurielle", qui n'était elle même qu'un avatar de "l'union de la gauche". Comment François Hollande peut-il soutenir le réformisme "social et libéral" de Bertrand Delanoë dans les débats internes du PS et dialoguer de manière "constructive" avec des partenaires "révolutionnaires" ou "radicaux"? Il y a là un mystère dont l'épaisser doit désorienter plus d'un électeur du parti socialiste.

Ce parti, d'ailleurs, ne parvient pas à sortir de son malaise. Quinze mois se sont écoulés depuis sa défaite à l'élection présidentielle et il demeure incertain sur ses idées, sa stratégie et sur les personnalités susceptibles de les représenter.

D'ores et déjà, Bertrand Delanoë et Ségolène Royal sont tous les deux candidats à la fonction de premier secrétaire. Leur rivalité ne repose pas sur une différence réelle dans les propositions politiques, ils n'en n'ont d'ailleurs aucune de réellement identifiées à cette étape. Leur opposition se fonde plutôt sur le bilan et le souvenir divergents de la dernière campagne présidentielle. ce qui, convenons-en, est plutôt mince.

Martine Aubry, elle, tait encore ses intentions. Quelle est, aujourd'hui sa marge de manoeuvre? Si elle renonce à être candidate à la direction du PS après avoir paru s'engager dans cette voie, c'est sa position personnelle au sein du parti socialiste qui s'en trouvera fortement diminuée. Des doutes même pourraient surgir sur la solidité de son caractère, accompagnés de commentaires désagréables sur la versatilité de ses attitudes.

Pour préserver son capital personnel, Martine Aubry n'a donc pas vraiment d'autre choix que celui d'entrer à son tour dans la compétition. Pourquoi tarde-t-elle? Peut-être parce qu'il n'est pas facile, pour elle, d'expliquer ce qui la sépare vraiment du maire de Paris. Une candidature se défend facilement si elle exprime une ligne politique singulière, originale. En revanche, si elle apparait essentiellement dominée par l'ambition, ou l'incapacité à s'entendre avec d'autres, elle perd instantanèment en légitimité.

Si finalement, les trois personnalités citées, Delanoë, Royal et Aubry, se trouvaient toutes les trois en compétition pour remplacer François Hollande, il apparait évident alors qu'aucune des trois ne pourrait sortir victorieuse du scrutin interne au parti socialiste. Chacune coagulerait autour du cinquième ou du quart des électeurs de ce parti, ce qui ne ferait que renforcer l'impression générale de faiblesse, de désordre et de division du parti socialiste.

Ecrire cela du principal parti d'opposition quinze mois après l'élection présidentielle donne la mesure de la maladie profonde dans laquelle se trouve plongée la démocratie représentative en France. Ce qui explique aussi la gîte, unique en Europe, de la gauche hexagonale vers la pensée, l'espoir ou la bouffée révolutionnaire.

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