Elections sénatoriales : les enjeux du scrutin

Publié le par PRG

Le Monde le 20 septembre 2008

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n peu plus de 50 000 "grands électeurs" sont appelés à se rendre en préfectures, dimanche 21 septembre, pour élire 114 sénateurs. Une élection d'un autre temps ? L'image surannée du Palais du Luxembourg cadre mal avec les responsabilités renforcées que la révision constitutionnelle adoptée le 21 juillet accorde au Sénat. Selon un sondage Ifop pour Profession politique, réalisé les 4 et 5 septembre auprès de 1 006 personnes, 74 % des personnes interrogées estiment que le Sénat n'est pas "moderne" et 71 % ne le jugent pas "représentatif".

Deux enjeux majeurs dominent pourtant ce scrutin. Dans quelle mesure le renouvellement d'un tiers des effectifs va-t-il permettre de "rééquilibrer" une chambre où l'UMP est la force dominante mais, à l'inverse de l'Assemblée nationale, ne dispose pas de la majorité absolue ? Qui les sénateurs porteront-ils à la présidence pour mettre en oeuvre le chantier d'une rénovation que la réforme des institutions rend encore plus urgente ?

Qui vote ? Le scrutin du 21 septembre concerne les départements métropolitains de l'Ain à l'Indre et le Territoire de Belfort, ainsi que la Guyane, la Polynésie française, Wallis-et-Futuna, Saint-Barthélemy, Saint-Martin et quatre représentants des Français établis hors de France. Aux 102 sièges à renouveler s'ajoutent 12 nouveaux sièges à pourvoir. Les effectifs du Sénat passeront ainsi, au terme de ce renouvellement, de 331 à 343. Les sénateurs sont élus, dans chaque département ou collectivité, par un collège composé des députés, des conseillers régionaux, des conseillers généraux et de délégués des conseils municipaux. Ces derniers représentent 95 % du corps électoral.

Les rapports de forces actuels. Dans le Sénat sortant, le groupe UMP détenait 159 sièges sur 330 (un siège étant resté vacant depuis le décès de son titulaire). La majorité présidentielle s'appuyait aussi sur le groupe Union centriste (30 membres) qui a survécu à la disparition de l'UDF et dont le président, Michel Mercier, tente tant bien que mal de concilier les différentes sensibilités. Elle disposait aussi d'une réserve de voix chez les 17 membres du Rassemblement démocratique et européen (RDSE), alliage composite de radicaux de droite et de gauche, et de quelques sénateurs non inscrits. Globalement, dans les scrutins majeurs comme le vote du budget, la majorité pouvait tabler sur un potentiel de 195 voix, la gauche (PS, PCF, Verts, PRG) ne disposant, stricto sensu, que de 125 voix.

Les évolutions attendues. Pas de risque pour la majorité présidentielle de perdre le Sénat. En dépit des scrutins locaux intervenus depuis 1998, qui ont permis à la gauche de gagner la majorité des régions, des départements et des communes de plus de 3 500 habitants, les déplacements devraient rester limités. Le renouvellement des effectifs par tiers - à partir de 2011, il s'effectuera par moitié - a pour effet de "lisser" les évolutions électorales. Surtout, le collège sénatorial surreprésente les communes de moins de 3 500 habitants, qui à elles seules fournissent la moitié des délégués.

Le premier secrétaire du PS, François Hollande, espère pour son parti un gain de "10 à 15 sièges". Insuffisante pour faire basculer la majorité, cette progression, si elle se vérifiait, pourrait toutefois offrir une "clé de blocage" à l'opposition dans le cadre d'une éventuelle révision constitutionnelle nécessitant trois cinquièmes des suffrages du Parlement.

L'objectif pour l'UMP est de conserver, au minimum, le même nombre de sièges. Ce qui malgré tout l'obligera, pour arriver à la majorité absolue, à composer - au moins dans la forme - avec ses partenaires et alliés. Le RDSE espère pouvoir continuer à former un groupe (15 membres au Sénat). De son côté, le Nouveau Centre présidé par Hervé Morin, le ministre de la défense, aspire à pouvoir en constituer un, qui deviendrait le correspondant de celui qu'il possède déjà à l'Assemblée. Ceci entraînerait la fin du groupe centriste et l'isolement des partisans de François Bayrou.

Qui succédera à Christian Poncelet ? Dès dimanche soir commencera la bataille pour la présidence du Sénat. L'UMP considère qu'elle lui revient de droit. Elle procédera, mercredi, à une primaire pour désigner celui qui sera son candidat. Deux "poids lourds", Gérard Larcher et Jean-Pierre Raffarin, et un "outsider", Philippe Marini, se disputent les faveurs de leurs collègues. L'élection du futur président, par l'ensemble des sénateurs, aura lieu le 1er octobre.

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