Le TGV Bordeaux - Toulouse : c'est pour quand M Baylet ?

Publié le par PRG

Le 30 septembre 2008
Le TGV Bordeaux - Toulouse : c'est pour quand ?Transports. Le plus grand chantier d'Europe exige des collectivités un effort sans précédent.

Le TGV Bordeaux - Toulouse : c'est pour quand ?
DDM

Toulouse et Auch à 3 heures de Paris en TGV, Cahors à 3 h 40, Foix et Pamiers à 3h30... Si Midi-Pyrénées continue d'en rêver, elle en connaît le prix. L'Etat demande à la région une contribution de 1,160 milliards d'euros, dont 440 millions pour le seul conseil régional. Un sacrifice pécuniaire auquel il est impossible de se soustraire si on veut sortir enfin de cet enclavement ferroviaire. « Moins on a de financements, plus on nous demande des sacrifices. On nous saigne avec des montants exorbitants, mais on ne peut plus se permettre de perdre du temps », indiquait, hier encore le président de Région Martin Malvy. Réunis à Bordeaux, les intervenants financiers de toutes les régions concernées ont tenté de faire avancer un dossier trop longtemps en gestation, mais ils exigent surtout des contreparties. Pas question de financer l'axe TGV Bordeaux- Tours, maillon incontournable jusqu'à Paris, s'il n'y a pas d'engagement réciproque de la part de l'État et de la région Aquitaine de financer la ligne Bordeaux-Toulouse. Midi-Pyrénées l'a redit avec force hier, mais avec une appréhension. L'État pourra-t-il tenir sa parole alors que Midi-Pyrénées attend toujours les 18 M€ promis par l'État pour son plan Rail et sa refonte des TER..

Une chose est sûre, la solidarité des collectivités est indispensable pour faire aboutir ce que Dominique Bussereau appelle le chantier européen du siècle. Le projet Sud-Europe-Atlantique qui réunit tout à la fois la ligne TGV Tours-Bordeaux, la ligne Bordeaux Hendaye, Bordeaux-Toulouse et la jonction Poitiers-Limoges représente 14 milliards d'euros. Et on a beau se retrouver dans le sprint final, avec un accord qui porte sur 95 % du financement, il faut vaincre encore quelques réticences.

Prochaine réunion le 13 novembre à Bordeaux.

[QFORUM] TGV : l'effort de l'État est-il, selon vous suffisant ?
Pourquoi le dossier prend du retard

C'est en 1999, à l'époque de Lionel Jospin et de Jean-Claude Gayssot, que le projet de TGV a été véritablement abordé. La région a obtenu que des études soient financées. Mais les échéances ont été sans cesse repoussées.

On a parlé d'une ligne LGV Bordeaux-Toulouse achevée en 2007, puis en 2016, puis en 2018, et maintenant « avant » 2020. Hier, le ministre Bussereau a indiqué que les travaux sur la ligne Bordeaux-Toulouse démarreraient avant la fin du chantier sur l'axe Tours - Bordeaux. Lequel devrait être achevé en 2015...

1. Un territoire très élargi

Les choses se sont compliquées avec l'annonce, en juillet, de l'inscription de la LGV Poitiers - Limoges dans le projet plus global baptisé Sud Europe- Atlantique. Finis les dossiers morcelés. Les collectivités intervenantes, y compris celles du Limousin et de Poitou-Charentes, doivent désormais se prononcer sur l'ensemble de ces projets, même ceux qui ne les regardent pas directement. La LGV SEA s'inscrit donc dans un ensemble de quatre lignes à grande vitesse étoitement liées financièrement. Exemple : même si elle n'est pas concernée par le projet de ligne Tours-Bordeaux, la région Limousin va devoir intervenir à hauteur de 50M€. Les élus espèrent ainsi que cette participation conditionnera la réalisation du tracé Poitiers-Limoges...

2. Une facture de plus en plus élevée

1,16 milliard pour Midi-Pyrénées, 1,6 milliard pour l'Aquitaine, 300 millions pour Poitou-Charentes... La facture est lourde. Si les régions qui interviennent à hauteur de 25 % n'ont pas hésité à apporter leur obole, on ignore encore la position de certaines communautés d'agglomération. Mais Dominique Bussereau l'a réaffirmé hier à Bordeaux : 90 à 95 % des financements par les collectivités ont été réunies. Et le ministère va solliciter une aide accrue de l'Europe, ainsi qu'un financement de la Caisse des dépôts sous la forme de prêts sur 40 ans.

3. Midi-Pyrénées, le bon élève

Dans ce dossier, la région Midi-Pyrénées fait figure de bon élève, compte tenu également de son engagement général dans le dossier ferroviaire. Pour ce qui concerne le TER, Midi-Pyrénées s'est lancé dans un plan Rail dont le coût avoisine les 500 millions d'euros.

4. Echéance le 13 novembre ?

Une nouvelle réunion est organisée le 13 novembre. Le ministre des Transports espère y voir finaliser un « protocole d'intention » pour la réalisation de la LGV SEA.


Chronologie

2002-2004. Réseau ferré de France mène des études pour le projet de LGV Bordeaux - Toulouse. Le TGV doit desservir les gares historiques Saint-Jean et Matabiau, avec deux arrêts intermédiaires à Agen et Montauban. Trois tracés sont proposés, dont l'unau sud par Captieux, soulèvera la colère des habitants.

Décembre 2003. Le projet est retenu par le Comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (Ciadt).

Novembre 2005. Fin des débats organisés par la Commission nationale du débat public sur l'opportunité de cette LGV. À Agen, Montauban et Toulouse, on est pour le projet.

Avril 2006. RFF suit les conclusions du débat public. Il retient la desserte de Montauban par une gare nouvelle et ne tranche pas pour Agen.

Février 2008. Le financement des études de la LGV Tours-Bordeaux-Toulouse-Hendaye est bouclé. Réunies à Toulouse, les collectivités de Midi-Pyrénées donnent leur accord pour 31,8 M€.

Juillet 2008. La LGV Poitiers-Limoges est intégrée au projet global Sud-Europe-Atlantique.

Le 10 septembre 2008. La contribution de Midi-Pyrénées au financement de la LGV Sud Europe Atlantique est bouclée à 90 %. Elle représente 1,162 milliards d'euros, dont 423 M€ pour le seul conseil régional.


Réactions

Pierre Izard, président du conseil général de Haute-Garonne. Un coût énorme. J'ai donné un avis favorable pour un montant de 315 M€ pour cette ligne. C'est une somme jamais atteinte pour ce type de réalisation. Mais nous serons très fermes : pas de ligne Paris-Bordeaux en 2 heures sans ligne Paris-Bordeaux-Toulouse en 3 heures et une mise en service avant 2020. Les conseillers généraux exigeront des garanties.

Martin Malvy, président de la Région Midi-Pyrénées. Sept viaducs de Millau. « Le cofinancement de la ligne Tours-Bordeaux doit être assorti de la réciprocité sur la ligne Bordeaux-Toulouse. On attend la participation de l'Etat et de la région Aquitaine. Au global, ce projet met en jeu des sommes considérables, l'équivalent du coût de 7 viaducs de Millau que l'Etat n'est d'ailleurs jamais parvenu à financer ».

J.-M. Baylet, président du conseil général de Tarn-et-Garonne. La pression de l'État. Cette ligne constitue un projet déterminant pour l'avenir de notre région. Le Tarn-et-Garonne est évidemment mobilisé pour son financement. Mais c'est au moment où l'on parle de suppression des départements qu'on les sollicite pour un tel projet. Jamais l'État a demandé une telle contribution aux collectivités locales.

Pierre Camani, président du conseil général du Lot-et-Garonne. Prisonniers. Que l'État demande aux collectivités un financement à hauteur de 50 % est scandaleux. Nous disons un oui franc et massif au projet mais de toute façon l'État ne nous laisse pas le choix. Nous devrons payer 71 millions d'euros ou ne pas avoir le TGV.

Thierry Carcenac, président du conseil général du Tarn. Disproportionné. On dit qu'on dépense trop et on nous transfère des charges en plus ! On demande une participation de 22,4 millions d'euros au conseil général du Tarn. C'est disproportionné. Quand nous avons demandé de décaler la LGV vers le Tarn, on nous a regardé de haut.

Publié dans article sur le PRG

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