Le PS tenté par l'abstention sur le plan Sarkozy

Publié le par PRG

Le Figaro le 13octobre 2008
Le premier secrétaire, François Hollande, veut «poser des conditions» pour un vote favorable.
L'urgence impose le consensus. Après l'annonce du plan de sauvetage des banques, qui sera présenté au Parlement dès mardi, le Parti socialiste a décidé d'adopter une attitude «responsable». Il ne fera pas opposition à son adoption.

«En ce qui me concerne, je n'imagine pas qu'on puisse voter contre ce projet de sauvetage», a déclaré le président du groupe à l'Assemblée, Jean-Marc Ayrault, à l'issue d'une rencontre avec le chef de l'État. «Les socialistes ont conscience de la gravité de la situation. Les choses n'avaient que trop duré», ajoute le président du groupe au Sénat, Jean-Pierre Bel, en convenant du caractère «massif» de la réponse. «Ce qui ne veut pas dire que nous sommes d'accord avec Nicolas Sarkozy sur l'analyse de l'origine du mal ou sur les contreparties que nous pensons nécessaires» à demander au système bancaire, ajoute-t-il.

Invité lundi du «Talk Orange-Le Figaro», l'ancien premier ministre Michel Rocard a lui aussi convenu que parfois l'opposition devait mettre ses critiques «entre parenthèses». «À court terme, le plan a de bonnes chances d'endiguer l'effondrement du système bancaire», a-t-il expliqué. Ce qui ne veut pas dire qu'il approuve la politique à long terme du gouvernement. Pour lui, la crise a pris une telle ampleur parce qu'elle a touché des économies déjà «anémiées».

 

« Cela fait beaucoup de si…»

 

Responsable et critique, l'équilibre est compliqué à manier. Le premier secrétaire François Hollande s'y est essayé lundi sur France Info : «On ne votera pas contre et on posera des conditions.»

«Cela aurait beaucoup de gueule que cette loi soit votée à l'unanimité», a cependant lancé le président du groupe UMP, Jean-François Copé, à l'adresse de l'opposition. «Nous, les députés de toutes sensibilités, on s'honorerait à être dans une cette même logique d'unité nationale.» Le PS n'en est pas encore là. L'idée d'une abstention est privilégiée. Au sein de la direction du parti, on veut bien envisager un vote positif à condition que le gouvernement réoriente sa politique et «modifie» son budget. «Mais cela fait beaucoup de si…» Le PS compte demander «un plan de sauvetage de l'économie réelle», explique-t-on. «Pour l'instant, le plan est hémiplégique et ne traite que l'aspect financier.»

À la gauche du Parti socialiste aussi, on a choisi la modération. «Le gouvernement a pris des mesures indispensables pour assurer les liquidités, admet le député européen Benoît Hamon. Mais l'essentiel manque. Derrière cette conversion de Nicolas Sarkozy à des solutions que nous proposions, le président veut sauver le système. Nous, nous voulons changer les règles du jeu.» Tout le monde n'est pas aussi radical au PS.

Tout en adoptant une attitude ouverte, la gauche ne veut pas donner quitus au chef de l'État. «Ne parlez pas du plan de Nicolas Sarkozy, c'est un plan de sauvetage européen, prévient l'ancien ministre Michel Sapin, secrétaire national à l'économie. Tout le monde dit la même chose en Europe au même moment, c'est pour cela qu'il est bon.

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