Crise financière - La rechute

Publié le par PRG

Les Bourses renouent avec la panique. Après deux journées d'euphorie, Paris a bouclé en forte baisse mercredi lâchant près de 7% dans un marché plombé par les craintes de récession après de mauvais indicateurs  aux Etats-Unis. Le CAC 40 a cédé exactement 6,82% à 3.381,07 points et les 40 valeurs le composant ont fini dans le rouge. 

L'indice vedette Dax de la Bourse  de Francfort est lui repassé en dessous des 5.000 points, cédant 6,49%. Même chose à la Bourse de Londres (-7,08%) qui a plongé après l'ouverture en baisse de Wall Street. La Bourse de New York elle a clôturé en très forte baisse, le Dow Jones perdant 7,87% et le Nasdaq 8,47%.

Aux Etats-Unis, les risques de récession se précisent après la publication d'indicateurs défavorables. Les ventes de détail américaines s'affichaient notamment en recul de 1,2% sur un mois en septembre, alors que les analystes attendaient un repli plus modeste de 0,7%. "On a un déplacement de la crise financière vers l'économie réelle, a relevé un vendeur d'actions à Paris. Il y a un mouvement de balancier, quand on semble avoir réglé un problème bancaire, le marché se reporte sur l'impact sur les entreprises et les ménages". Ces craintes sur la première économie mondiale, éclipsées depuis quelques  semaines par la crise financière, avaient été relancées mardi soir par les propos de  Janet Yellen, présidente de la Réserve fédérale de San Francisco, constatant que "l'économie américaine semble en récession".

Pas d'optimisme "exagéré" 

Comme les autres Bourses européennes, le CAC 40 avait  enchaîné deux fortes hausses lundi et mardi, regagnant 14,23% au total après  avoir subi, la semaine dernière, la plus lourde chute hebdomadaire de son  histoire (-22,16%). "Après un rebond lié aux annonces de plusieurs gouvernements pour soutenir  le système bancaire, les regards des investisseurs vont se reporter sur le  risque de récession aux Etats-Unis", estimaient les économistes du courtier Aurel. "Il n'y a pas de raison de déclarer la fin de la crise financière et de verser dans l'optimisme exagéré", avait  averti Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe. La crise affecte déjà d'autres secteurs de l'économie, comme l'automobile et  l'agroalimentaire : l'allemand Daimler a annoncé mardi 3.500 suppressions  d'emplois en Amérique du Nord, et l'américain Pepsico 3.300.

La Banque centrale européenne  (BCE) a encore prêté plus de 270 milliards de dollars aux banques commerciales via deux  appels d'offres, toujours dans l'objectif d'aplanir les tensions sur un marché  monétaire au bord de l'asphyxie. Dans le cadre de son appel d'offres quotidien, elle a alloué 100 milliards,  soit la totalité du volume prévu. Ces injections massives sur le circuit monétaire visent à alimenter les  banques en liquidités. Elles sont quasiment la seule source de refinancement à  leur disposition, car les établissements de crédits, dont la confiance est au  plus bas, ont pratiquement cessé de se prêter de l'argent entre eux.

Le plan européen élargi aux 27

Alors que les craintes d'une contagion de la crise financière à l'économie réelle se confirment, la concrétisation du plan Paulson a bien dopé les marchés boursiers européens mardi. Soucieux d'envoyer un nouveau message fort au secteur financier, le secrétaire américain au Trésor a donc musclé mardi son plan, en annonçant l'entrée de l'Etat fédéral américain au capital de plusieurs banques. Neuf des plus grandes se sont déjà portées candidates et doivent absorber la moitié du plan. Parmi elles figurent les plus grands noms de Wall Street comme Citigroup, JP Morgan Chase, Bank of America, Goldman Sachs, Morgan Stanley et Merrill Lynch.

L'argent nécessaire sera prélevé sur l'enveloppe de 700 milliards de dollars  approuvé début octobre par le Congrès pour le plan de sauvetage des banques. Au départ farouchement opposé à une entrée de l'Etat dans le capital des  banques, Paulson s'y était résolu vendredi à l'occasion de la rencontre des  ministres des Finances du G7 à Washington. Les Européens doivent aussi peaufiner leur plan de sauvetage. Un sommet européen, mercredi et jeudi à Bruxelles, doit étudier l'élargissement aux 27 Etats de l'Union européenne (UE) des mesures de soutien adoptées par les grands  pays de la zone euro et le Royaume-Uni (lire notre article).

Brown et Barroso mettent la pression sur les USA

Le président de la Commission européenne et le Premier ministre britannique ont exhorté les Etats-Unis à une plus grande coopération internationale pour surveiller le système financier après la crise, Gordon Brown parlant d'une "reconstruction" nécessaire du FMI. "L'Europe mène la réponse mondiale" face à la crise financière avec les  plans massifs d'aides aux banques annoncés cette semaine, "nous devons continuer  à le faire" pour tirer les leçons de la tempête, a déclaré José Manuel Barroso  devant la presse, peu avant l'ouverture du sommet des dirigeants de l'UE. "Une priorité urgente est de renforcer la coordination au niveau  international et particulièrement avec les Etats-Unis", a ajouté Manuel Barroso, qui  doit s'entretenir de ces sujets samedi à Camp David avec le président américain  George W. Bush. Il sera accompagné du chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy, dont le pays  préside actuellement l'UE.

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