Brouillard persistant au PS à trois jours du congrès de Reims

Publié le par PRG

PARIS, 11 novembre 2008 (AFP) - Le congrès socialiste le plus incertain depuis bientôt vingt ans s'ouvre vendredi à Reims: à trois jours de l'échéance, on ne connaît ni l'orientation politique ni le nom du premier secrétaire qui en sortiront, une candidature de Ségolène Royal apparaissant toutefois de plus en plus probable.

Dans un contexte de crise de l'ensemble de la social-démocratie européenne, quasiment partout en recul électoral, le parti de François Hollande, qui achève son quatrième mandat de Premier secrétaire, paraît balkanisé, un an et demi après la nette défaite de Mme Royal à l'élection présidentielle.

Lors du vote des militants le 6 novembre, quatre grandes forces --et autant de lignes politiques-- ont émergé. Elles sont incarnées par Ségolène Royal (29%), Bertrand Delanoë et Martine Aubry (autour de 25% chacun), Benoît Hamon (19%), chef de file de la gauche du parti.

Le pire scénario pour le PS qui, depuis le congrès de Rennes en 1990, avait toujours dégagé une orientation nettement majoritaire. "Personne ne peut émettre de pronostic sérieux sur ce qui va se passer. Comme toujours au PS, le meilleur comme le pire peut arriver", commente Patrick Bloche, patron des socialistes parisiens.

Les adhérents du PS --quelque 130.000 ont pris part au scrutin, à peine plus de 55%-- n'ont pas choisi, au grand regret de M. Hollande, qui les avait exhortés à porter une motion "nettement en tête".

Officiellement, le congrès de Reims n'a rien à voir avec la compétition pour la présidentielle de 2012. Mais déjà, la contre-performance de M. Delanoë le handicape pour cette échéance.

Arrivée première, Mme Royal, 55 ans, a en charge de dégager un accord majoritaire. Elle doit faire mercredi des "propositions pour la gouvernance du PS".

Première ambiguïté, elle n'a pas assumé le leadership, s'abritant derrière le maire de Lyon Gérard Collomb, premier signataire de sa motion, et "la nouvelle génération" qui la soutient. Un de ses proches a assuré mardi qu'elle serait candidate à la direction, information toutefois non confirmée.

Pour l'historien du parti Alain Bergounioux, "il va être d'autant plus compliqué de trouver un accord que des contradictions existent au sein de chaque motion".

La présidente du Poitou-Charentes a pris l'avantage par une campagne très à gauche, avec des accents à la Besancenot contre "les banques", tandis que les "grands élus" ralliés à sa cause --Gérard Collomb à Lyon, Jean-Noël Guérini à Marseille, le député-maire d'Evry Manuel Valls-- défendent une adaptation décomplexée à l'économie de marché.

Le vote du 6 novembre a marqué une volonté de changement, sinon de rupture, mais aussi d'ancrage à gauche, dont témoignent les scores de Benoît Hamon et Martine Aubry. Incarné, à son corps défendant, par M. Delanoë, donné favori et soutenu par M. Hollande, le "vieux" parti a été désavoué.

Symbole de la relève des générations, le député européen Benoît Hamon, 41 ans, candidat déclaré au poste de premier secrétaire, tente de fédérer les adversaires d'une alliance avec le centre, dont M. Delanoë et Mme Aubry.

Les actes et déclarations passés de l'ex-candidate à la présidentielle --allant jusqu'à évoquer en avril 2007 une nomination de François Bayrou à Matignon-- nourrissent la suspicion chez de nombreux socialistes.

Si Benoît Hamon ne parvenait pas à s'imposer comme leader de rechange, Martine Aubry, qui revendique "une position centrale" au PS, apparaîtrait la mieux placée pour contrer Ségolène Royal.

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