PS : Aubry devant, Royal conteste
Le Parisien.fr, le 22 novembre à 2h
Bazar total en vue au PS, et probable querelle de chiffonniers. Dans le coeur de la nuit, chacun des deux camps se diputent la victoire, avac parfois de lourds sous-entendus sur de possibles tricheries. Résumé des dernières heures du match Aubry-Royal.
01H55: Rue de Solférino, les spécialistes du décompte des voix s'arrachent les cheveux. "Ca se chipote à des dizaines de voix près.
Comme ce sont les îles (NDLR: les Dom-Tom) qui vont départager, les comptes sont faits à partir de projections". Les résulats des Dom-Tom ne tomberont en effet que tôt ce matin. Martine Aubry disposerait "de 140 à 300 voix d'avance", en intégrant ce résultat encore hypothétique de l'outre-mer. Daniel Vaillant, qui est chargé officilemment d'annoncer les scores, se garde bien , dans ces conditions, de se prononcer.
01h15 : le suspense est total. Mais suivre le dépouillement des votes au sein du PS, c'est presque assister à un Grand prix de Formule 1. Claude Bartolone, député de Seine-Saint-Denis, déclare que "la maire de Lille ne peut plus être battue", donnant 50,28% en sa faveur, sur la base de résultats complets, hors département du Nord, acquis à Mme Aubry, et Guadeloupe, contre 49,72% à Ségolène Royal.
Mais, d'ores-et-déjà, les rumeurs de tricheries commencent à se répandre. «Nous ne nous laisserons pas voler la victoire», a déclaré quelques instants plus tard Manuel Valls, un des lieutenants de Ségolène Royal, en contestant les résultats de la fédération du Nord et de la Seine-Maritime.
Quoiqu'il en soit, c'est un retournement de tendance . Peu avant minuit, François Rebsamen, numéro 2 du PS et proche de Ségolène Royal, prédisait au contraire une "nette victoire" de l'ex-candidate à la présidentielle. Une certitude, c'est serré, très serré, et ça promet quelques sévères réglements de comptes.
Au QG improvisé de Ségolène Royal, Maison des Polytechniciens à Paris, à deux pas du siège du PS, les esprits restaient fébriles. Dans les couloirs, les bruits les plus divers allaient bon train. Plusieurs «royalistes» ont affirmé, de façon un peu prématurée, que leur championne l'emportait au second tour par des scores oscillant entre 52% et 53%. D'autres, plus prudents, préféraient parler de résultats «à 50-50».
Martine Aubry, en arrivant à Paris vers 23H00 croyait toujours en ses chances, même si le camp adverse saluait sa victoire. «Avec les chiffres que nous avons des fédérations et de nos représentants dans ces fédérations, on est à 50/50», estimait François Lamy, bras droit de la maire de Lille. L'étroitesse de la victoire, qu'elle soit acquise à l'une ou l'autre, rendra la situation tout à fait incortable, dans un parti qui aura souffert de tous les déchirements.