Primaire au PS: Aubry pas convaincue

Publié le par PRG

Le Figaro
Nicolas Barotte
17 Avil 2009
Le débat sur le mode de désignation du candidat du PS pour 2012 devrait avoir lieu à l'automne.
Est-ce bien le moment ? Depuis qu'Arnaud Montebourg s'est fait rappeler à l'ordre en bureau national pour en avoir trop parlé, tout le monde a compris le message : il est trop tôt, du point de vue de la première secrétaire Martine Aubry, pour évoquer l'éventuelle primaire qui permettra de désigner le candidat à la prochaine présidentielle. «Elle ne veut pas qu'on se disperse sur des sujets moins importants» que la crise, argumente-t-on dans son entourage.

Le député de Saône-et-Loire, chargé de réfléchir au processus, s'était montré trop enthousiaste et trop définitif. La maire de Lille n'a pas envie de devoir trancher dès maintenant une question sur laquelle elle n'a pas pris de décision ferme. Quel est son intérêt stratégique ?

Alors c'est sans doute avec malice que l'ancien ministre Pierre Moscovici a remis le sujet sur la table. Sur son blog, il a publié jeudi un «plaidoyer pour une primaire ouverte». «Les socialistes ne peuvent pas, ne doivent pas esquiver le sujet, comme certains courants en paraissent tentés», explique-t-il. Pour lui, si le PS renonce à organiser une primaire, il «déclenchera la machine à perdre», voire il risquera «la présence de deux candidats» issus du PS en 2012.

Dans le parti, la question divise toujours. La ligne de fracture n'a pas changé depuis le congrès de Reims. D'un côté, ceux qui disent défendre la responsabilité du parti : Bertrand Delanoë, François Hollande, Laurent Fabius, entre autres... De l'autre, ceux qui disent vouloir donner une forte légitimité populaire au candidat : Ségolène Royal, Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg, notamment... «Obtenir des primaires, c'est ce qu'on doit à Ségolène Royal», explique un membre de son courant. Ensuite, à elle de se débrouiller.

«Ne pas affaiblir le parti»
Évidemment, entre les deux extrêmes, il y a un océan de nuances. La primaire désigne-t-elle le candidat du PS ou celui de toute la gauche ? Pour cela, il faudrait convaincre les partenaires politiques du PS, comme les Verts ou les communistes, de renoncer à la présidentielle. Il n'y a aucune chance qu'un candidat issu de leurs rangs puisse emporter la primaire. «Il faut négocier un accord politique avec eux», explique un membre de la direction. En 2007, les discussions avec les écologistes n'avaient pas abouti. Comment caractériser ensuite le corps électoral ? Autre question à résoudre, n'importe qui pourrait-il participer aux primaires ?

«Martine Aubry comprend l'argu­ment pour une primaire : le candidat doit avoir de la force. Mais cela ne doit pas conduire à affaiblir le parti qui serait dépossédé de ses prérogatives», explique un de ses proches qui s'interroge sur l'intérêt de bâtir un projet politique socialiste si la désignation du candidat est soumise aux aléas de l'opinion. Bref, il y a encore du chemin à faire pour convaincre la première secrétaire.

Le débat devrait vraiment s'ouvrir à l'automne prochain. Martine Aubry a aussi demandé à Arnaud Montebourg d'intégrer dans ses travaux une réflexion sur la rénovation du parti et du militantisme. Pour les partisans d'une primaire, il est urgent d'avancer «dans les neuf mois».

 

Publié dans Article sur le PS

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