À peine érigée, la sculpture Crépeau est déjà taguée
Sud Ouest le 24 Avril 2009
Une fois achevé le traitement spécial anti-tags de la sculpture, les barrières de sécurité seront enlevées.
On se souvient de la foule émue entourant la sculpture, le jour de sa remise officielle par l'association Crépeau l'Humaniste à la ville de la Rochelle. C'était le 29 mars. Les présents ont peut-être aussi retenu les mots du premier magistrat, Maxime Bono, invitant les Rochelais à choisir un jour plus calme pour revenir vers ce bronze érigé à la mémoire du défunt maire, toucher la matière, s'approprier l'oeuvre.
Déjà trois interventions
Un mois plus tard, il n'est plus question de toucher la sculpture signée François Cante-Pacos. La voici entourée d'une haute barrière.
L'obstacle, heureusement provisoire, entend écarter ceux qui s'approprient l'oeuvre un peu trop lourdement. Celle-ci n'était pas en place depuis une semaine qu'y apparaissaient déjà de premiers tags.
Trois fois en moins d'un mois, le service propreté urbaine de la ville a dû intervenir, ou plutôt faire intervenir la société Hydroteam Océan de Marans, qui détient le marché de l'enlèvement des tags à La Rochelle. Un marché plutôt fructueux. « Chaque année, le nettoyage des tags coûte près de 150 000 euros à la ville », regrette la conseillère municipale Marilyne Simoné.
Ces dégradations hélas trop ordinaires fleurissent sur les murs des bâtiments publics comme privés. Mais, cette fois, il s'agit d'un support plutôt fort en symbole.
Pas un tag au hasard
Au moins l'un des auteurs de ces atteintes à la sculpture, interrogé depuis par les services de police, a signifié qu'il n'avait pas tagué au hasard, mais bien en opposition à l'installation de ce disque de bronze.
« Moi-même, je n'étais pas favorable à ce qu'on fasse une telle dépense au nom de Michel Crépeau », déclare l'adjointe radicale de gauche Marylise Fleuret-Pagnoux, « mais une fois qu'elle est en place, je trouve intolérable qu'on ne la respecte pas. Il y a d'autres moyens d'exprimer un désaccord ».
Marilyne Simoné estime, pour sa part, que si le grafitti peut être considéré comme une expression artistique, il faut le différencier du plus vulgaire tag, qu'il s'incruste sur la sculpture Crépeau comme n'importe où ailleurs.
« Nous déciderons prochainement de la conduite à tenir, à l'égard de cette dégradation, mais je pense que nous agirons comme nous le faisons dans tous les cas semblables : la Ville portera plainte, avec constitution de partie civile », affirme l'élue.
Pas de traitement particulier, donc, à l'égard de cette sculpture. « Mais nous serons fermes. Nous avons déjà remarqué que lorsque nous réclamons réparation aux auteurs, ou à leurs familles car ce sont souvent des mineurs, nous voyons soudain beaucoup moins de tags