Un président impopulaire... mais en tête dans les intentions de vote

Publié le par PRG

Les Echos le 4 Mai
Nicolas Sarkozy est le président de la Ve République qui affiche la plus faible cote de confiance au bout de deux ans. Mais il bénéficie encore d'un socle de soutien solide et d'un manque d'alternative à gauche.

Ce n'est pas encore un divorce. Mais quelque chose s'est brisé. Deux ans après son élection à l'Elysée, Nicolas Sarkozy est jugé sévèrement par une large majorité de Français. Selon un sondage TNS Sofres Logica pour « Métro », publié aujourd'hui, 63 % d'entre eux perçoivent négativement son bilan et 65 % se disent déçus par son action. Les jeunes et les catégories sociales défavorisées sont tout particulièrement critiques à l'égard du chef de l'Etat. Il n'y a plus que 32 % de personnes à lui « faire confiance », selon le dernier baromètre TNS Sofres publié samedi par « Le Figaro Magazine ». « La politique de Nicolas Sarkozy est souvent ressentie comme injuste et inefficace, explique Brice Teinturier, le directeur général adjoint de TNS Sofres. Et de nombreux Français sont sceptiques sur la réalité de ses réformes. »

Sous la Ve République, seul Jacques Chirac, deux ans après sa réélection, en 2004, affichait une cote de confiance aussi basse. Mais il était au pouvoir depuis neuf longues années déjà. En mai 1997, après deux ans de mandat, l'ancien maire de Paris affichait encore 38 % de soutien. Quant à François Mitterrand, il comptait, lui, sur la confiance de 53 % de Français en 1984 et de 49 % en 1990, au même stade de l'exercice de la fonction.

En chute dès la fin 2007

A circonstances exceptionnelles, impopularité exceptionnelle ? Probablement, mais pas seulement. La crise n'explique pas à elle seule le mouvement de défiance à l'égard de Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat a plongé dans les sondages dès la fin de 2007, « en raison de ses promesses non tenues sur le pouvoir d'achat, de son style de gouvernement et de la surexposition de sa vie privée », rappelle Gaël Sliman, le directeur général adjoint de BVA. Il y a un an, en avril 2008, le chef de l'Etat pâtissait déjà d'une cote de confiance de seulement 32 %, selon le baromètre TNS Sofres.

Une embellie de courte durée

La crise l'a même, au contraire, renforcé pendant un temps. Ses nombreuses initiatives pour éviter un effondrement des banques et soutenir l'activité, sa très active présidence de l'Union européenne ou son rôle clef dans le G20 lui ont permis de rebondir sensiblement dans les sondages à l'automne. Mais cette embellie n'a été que de courte durée. Depuis le début de l'année, sa cote s'est de nouveau effritée. « Parce qu'il n'a pas assez hiérarchisé ses priorités et n'a pas réglé certaines contradictions, assure le politologue Stéphane Rozès. Et, aussi, la popularité de Jacques Chirac en témoigne, parce que les Français veulent aujourd'hui un président qui rassemble et qui rassure. Ce qui n'est pas son cas. »

Reste que, dans le contexte économique actuel, « Nicolas Sarkozy aurait pu tomber bien plus bas », relève Pascal Perrineau, le directeur du Cevipof. Et deux récents sondages le donnent même très largement en tête au premier tour de l'élection présidentielle devant ses principaux adversaires de 2007, avec autour de 30 % des voix contre 21 % seulement à Ségolène Royal et 20 % à François Bayrou. « Le chef de l'Etat peut toujours s'appuyer sur un socle de soutien solide d'électeurs de droite, qui lui sont reconnaissants de n'avoir pas renoncé à ses réformes et à ses promesses », notamment fiscales, décrypte Brice Teinturier. Et surtout, ajoute Pascal Perrineau, Nicolas Sarkozy « profite de l'absence pour le moment d'une réelle alternative crédible à gauche ».

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