Malgré les obstacles, le Grand Prix de F1 de Flins continue d'avancer

Publié le par PRG

L' Express
Par Matthieu Deprieck, publié le 07/05/2009
Le ministère de l'Ecologie, des associations de riverains, et le conseil régional d'Ile-de-France s'y opposent, et pourtant le projet de Pierre Bédier, à la tête des Yvelines, semble le mieux placé pour recevoir le barnum de la F1 dès 2011. Pour consolider sa position de leader, Bédier tente toujours de convaincre les élus réticents, notamment au conseil régional.

 

Pierre Bédier, c'est Uma Thurman dans Kill Bill. Il tient dans sa poche une liste des opposants à son circuit de Flins, et nourrit comme objectif de passer outre leurs réserves. Fort heureusement pour eux, pas en les éliminant, mais en minimisant leurs positions ou, mieux, en tentant de les convaincre.

Mercredi 6 mai, il a rempli un (petit) bout de chemin. Alors que le mois dernier, le conseil régional avait voté le renvoi du plan de soutien à la filière automobile présente dans son département, le même conseil a accepté de fixer une date pour le vote. Ce sera lors de la prochaine séance plénière les 18 et 19 juin.

Concrètement, mercredi, en fin de séance, le voeu du groupe UMP de voir un calendrier se mettre en place a été accepté par la majorité. La droite, à l'exception du Front National, s'est exprimé pour; les socialistes, radicaux et communistes n'ont pas pris part au vote; et les Verts sont les seuls à avoir voté contre. Daniel Brunel, vice-président PCF du conseil régional, doit maintenant établir un rapport sur le sujet pour que les conseillers régionaux décident ensuite de son avenir en juin.

Le plan de soutien à l'automobile prévoit de verser des aides publiques aux entreprises installées dans les Yvelines pour les aider à sortir de la crise. L'intention est louable, alors pourquoi la gauche refuse de voter pour ce plan? Jean-Vincent Placé, président du groupe des Verts à la Région, explique qu'il préfère verser "des aides publiques pour aider les constructeurs à développer des véhicules propres et écolos".

"Vois ça avec les Verts, je voterai comme eux"

Surtout, ce plan cache un autre projet que goûtent peu les Verts: le circuit de F1 de Flins. "Ce n'est pas le coeur du sujet", admet Jean-Vincent Placé, "mais nous ne voulons pas réinjecter de l'argent public pour permettre aux constructeurs d'améliorer les performances de leurs véhicules. La recherche et le développement ne doivent pas avoir pour objectif de battre le meilleur tour de piste. Et puis, ce circuit serait construit sur des terres réservées à l'agriculture bio".

Pour Daniel Brunel, qui prépare un rapport sur le sujet avant le vote de juin, les débats ne doivent pas se focaliser sur la question de la F1. "Le Grand Prix de France ne sera pas mentionné dans mon document, qui concerne toute l'Ile-de-France, et pas uniquement les Yvelines. Le conseil régional ne prendra pas position pour Sarcelles ou Flins".

Pierre Bédier sait en tout cas que la majorité des conseillers n'est pas favorable au projet de circuit à Flins. Pour la bonne raison qu'il a consulté Jean-Paul Huchon. "En substance, Jean-Paul lui avait dit: 'Vois ça avec les Verts, je voterai comme eux', raconte Jean-Vincent Placé, qui avait ensuite reçu la visite de Bédier. L'argumentaire n'avait pas suffi à le faire changer d'avis. Huchon suivra-t-il l'opposition des Verts? Placé le pense: "Vous savez Jean-Paul est de plus en plus convaincu par l'écologie".

Que le président de la région Ile-de-France soit opposé au circuit de Flins ne devrait pas empêcher Bédier de continuer à pousser son circuit. Même handicapé par l'opposition de Jean-Louis Borloo, le projet continue de faire la course en tête. Bernard Laporte a publiquement déclaré qu'il préférait voir les F1 courir à Flins plutôt qu'à Sarcelles, l'autre projet en course.

Le dossier de Bédier a même eu droit à la Une du Parisien le 5 mai dernier, avec sous le titre "Ce pourrait être le circuit de F1 en Ile-de-France", une maquette représentant le complexe. Etonnant quand on sait que les visuels utilisés étaient disponibles depuis les premiers jours de mars. Interrogé par LEXPRESS.fr sur ce choix de Une, le journaliste auteur de l'article explique que "ces visuels n'avaient pas encore été exploités par le journal", et qu'ainsi la rédaction en chef a décidé de les monter en première page.

Un dossier envahi par les lobbies

François Pupponi, député-maire de Sarcelles et principal soutien du projet concurrent de circuit F1, conserve la ligne de conduite qu'il s'est fixé au début de la course: pas de polémique. Il s'étonne toutefois de ce choix éditorial. "C'est un bon coup médiatique pour Flins. Mais, il n'y a rien de plus dans l'article du Parisien. Ces visuels sont vieux de deux mois."

Quant aux déclarations de soutien à Flins de Laporte, Pupponi a remis dès le lendemain au secrétaire d'Etat le dossier juridique et financier du projet. "Nous avons voulu tordre le cou aux rumeurs d'impossibilité de financement de notre complexe sportif", explique-t-il. Des rumeurs? Qui en serait à l'origine? Le député-maire ne se mouille pas et reste diplomate: "C'est un dossier avec beaucoup d'enjeux. C'est donc normal qu'il y ait des lobbies."

Le socialiste Pupponi refuse toujours de jouer la carte politique face à l'UMP Bédier. Il ne veut pas croire que les opinions politiques peuvent orienter la décision finale. Et cite l'exemple du Stade de France, construit sur des terres communistes ... par un gouvernement de droite.

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