François Bayrou ou la fin d'un rêve présidentiel : Iznogoud mais pas Calife !

Publié le par PRG

Le blog de Jean-Marcel Bouguereau NouvelObs
http://jeanmarcelbouguereau.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/06/05/francois-bayrou-ou-la-fin-d-un-reve-presidentiel-iznogoud-ma.html

Bayrou accuse Cohn-Bendit de complaisance pédophile

Les invectives spectaculaires entre François Bayrou et Daniel Cohn-Bendit sont, à elles seules, une sorte de concentré de notre situation politique. De cette présidentialisation outrancière, de ce nombrilisme franco-français qui conduit toute la classe politique à voir tout à travers le prisme national, y compris bien sûr l'Europe, généralement présentée comme une « France en grand », comme si l'on se défiait de nos différences alors qu'il faudrait s'en nourrir. Pauvre François Bayrou, si typique de ces travers nationaux qu'il s'y voyait déjà, passant du statut d'omni-opposant à celui d'omni-président. Il croyait pouvoir utiliser les élections européennes comme une nouvelle rampe de lancement pour sa campagne présidentielle. Il avait passé son hiver béarnais à dresser l'acte d'accusation du Sarkozysme. Un bel acte d'accusation d'ailleurs qui le propulsera en tête des best-sellers. Comme Aznavour, il s'y voyait déjà. Il en est sûr.

 Seul à pouvoir battre Nicolas Sarkozy en 2012 ?

Profitant de l'état comateux du PS, il était le seul à pouvoir battre Nicolas Sarkozy en 2012. Une enquête ne le désigne-t-il pas comme une "des personnalités qui s'opposent le mieux à Nicolas Sarkozy", derrière Besancenot et Ségolène Royal ? Et puis, arrive le grain de sable qui grippe sa machine si bien huilée : c'est Daniel Cohn-Bendit qui a voué depuis des années son action politique à l'Europe, lui, l'enfant de la Libération, né en France de parents juifs allemand qui répète dans ses meetings : « si, à l'âge d'un an, j'avais pu parler et dire à mes parents que 50 ans après, l'Allemagne et la France seraient amies, que la paix règnerait sur l'Europe bien au-delà de l'Oder, mes parents auraient été doublement ennuyés d'une telle précocité et d'une telle folie.

 D'Eva Joly à Bové, un rassemblement à priori improbable

Alors qu'il avait déjà réussi à transcender une première fois le légendaire masochisme des Verts français qui les pousse à se diviser comme des amibes, le voilà revenu pour un autre rassemblement qui va bien au-delà des écologistes. Un agglomérat à priori improbable puisqu'il rassemble le « noniste » José Bové, la juge anti-corruption Eva Joly et les amis de Nicolas Hulot pour proposer un New Deal écologique et social, à la mesure de la crise que nous vivons. Le rassemblement fonctionne et vers Pentecôte Europe Ecologie a le vent en poupe.

 Les « bons » et les « mauvais » sondages

 D'Eva Joly et ses propos contre les paradis fiscaux et la corruption, à José Bové sur les OGM et la réforme de la PAC, jusqu'à la mise en avant, face au bouclier fiscal, du bouclier social, « notre stratégie est de nous différencier de Sarkozy par notre discours sur l'Europe, pas sur la politique nationale », martèle Dany. Les sondages lui donnent raison. Plusieurs le donnent à touche-touche avec le MoDem, jusqu'à ce sondage TNS Sofres-Logica, qui, pour la première fois, plaçait les listes menées par Daniel Cohn-Bendit devant celles de Bayrou. Pour Bayrou, c'est peut-être la fin d'un rêve. Selon la vieille méthode qui veut qu'un bon sondage soit bon et un mauvais soit le fruit d'une manœuvre de ses ennemis, François Bayrou estime qu'il y a "des gens qui possèdent des instituts de sondage", "qui gouvernent les instituts de sondage par les marchés qu'ils leur donnent" et "qui se font les chefs d'orchestre des sondages".

 

"Jamais tu seras président de la République, parce que t'es trop minable".

 

 

Jeudi soir, sur France 2, les téléspectateurs découvrent un Bayrou hargneux, cherchant à faire passer Cohn-Bendit pour un suppôt de Sarkozy, puis faisant mine de découvrir des écrits vieux de 34 ans qui, en 2001, lui avaient valu des accusations de pédophilie sur lesquels il s'était alors expliqué disant avoir « des remords d'avoir écrit cela ». La réponse de Dany fuse : "Eh bien, mon pote, je te dis, jamais tu seras président de la République, parce que t'es trop minable". François Bayrou a-t-il "pété les plombs", comme l'a commenté Cohn-Bendit ? C'est peut-être encore plus grave que ça. Car cette attaque n'était pas improvisée : l'opération avait été soigneusement montée puisque la plupart des candidats MoDem avait reçus les extraits en question du livre, épuisé depuis plus de 20 ans ! Réitérant hier ces mises en cause, le leader du MoDem a ajouté : « Si Daniel Cohn-Bendit regrette ce qu'il a écrit, qu'il le dise, qu'il le retire », comme s'il ne savait pas qu'il l'avait déjà fait. Une chose est sûre : le destin présidentiel de François Bayrou a pris hier un sale coup. Iznogoud mais pas Calife

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