Hue propose un «pacte unitaire» à la gauche
L'ancien dirigeant du PCF et une vingtaine de personnalités de gauche appellent à un rassemblement «au-delà des partis» pour construire une «alternative progressiste».
Ils sont une petite vingtaine, emmenés par l’ancien dirigeant communiste, Robert Hue, à plaider, dans le Monde daté de mardi, pour un «pacte unitaire» à gauche. Une profession de foi pour une «alternative progressiste au néolibéralisme», à bâtir «au-delà des partis», et un appel au rassemblement, «sans délai», des «forces» de gauche. Pas du luxe compte tenu de l’émiettement de la gauche aux dernières européennes, qui risque de se répéter aux régionales de 2010.
Parmi les signataires de la tribune: quelques proche de Robert Hue au sein du Nouvel espace progressiste, l’association politique qu’il a fondée fin 2008; les socialistes Jean-Pierre Bel et Julien Dray; plusieurs proches de Ségolène Royal, Aurélie Filippetti, François Rebsamen et Vincent Peillon. Le courant (PS) L’Espoir à gauche, dirigé par l’eurodéputé et issu de la motion Royal au congrès de Reims, a d’ailleurs convié Hue à ses ateliers d’été, fin août à Marseille.
Le syndicaliste Denis Cohen, le MRC Jean-Luc Laurent et la députée PRG Sylvia Pinel comptent aussi prendre part à l’«écriture» de cette «nouvelle page de la gauche».
Ces personnalités prennent acte, d’abord, du piètre état de la gauche, un omis après les européennes. Une gauche «morcelée, fatiguée, manquant d’imagination», qui paie cher «ses divisions, [ses] clivages dépassés». «De là viennent les sectarismes et les querelles intestines qui s’étalent dans les médias et font le désespoir du peuple de gauche», déplorent-ils.
Et ce alors que la crise économique et sociale actuelle devrait, au contraire, conforter ses thèses: «Le paradoxe est saisissant.»
«Il est urgent que la gauche se sorte de l’impasse où elle s’est laissée enfermer», ajoute le texte, jetant les bases d’une mutualisation des forces de gauche. Et de constater, d’abord, que, pour cette tâche, le PS, seul, n’a pas les épaules: «Aucun parti ne peut prétendre, à lui seul, être la force propulsive du progressisme nouveau.»
Pas question non plus, pour Hue, de confier aux «états-majors» des partis le soin d’orchestrer ce rassemblement «au gré des résultats électoraux et des rapports de force internes».
«La solution est ailleurs», poursuit l’ex-ministre de jospin et patient défenseur de la gauche plurielle. Lui préconise d’oublier les sommets pour passer par la base en misant sur «le capital militant» des partis de gauche et, «à côté des partis, dans les associations, les collectifs, la société civile, [sur] des millions de femmes et d’hommes» qui «cherchent un espace politique». D'où la nécessité de trouver des «espaces de dialogue, d'organisation et d'action».
Le texte détaille, enfin, cinq axes prioritaires, notamment la «définition d’une nouvelle éthique de la République et de la vie politique», l’«approfondissement de la démocratie sociale et citoyenne», la «conception d’un nouveau modèle de développement économique qui soit à la fois social, écologique et progressiste».