IL Y A UN AN, LE 21 JUILLET - Le projet de réforme des institutions soumis à un Congrès indécis
Le Petit Journal
Le Parlement est réuni aujourd’hui à Versailles pour voter la réforme des institutions voulue par Nicolas Sarkozy. Mais l’issue du vote est incertaine car il manquerait une dizaine de voix pour que le texte soit adopté
(Rédaction internationale) - C’est l’heure des comptes. Encore mieux qu’un apothicaire, le Président Nicolas Sarkozy a passé en revue l’avis de tous les députés de la majorité pour savoir s’ils voteront ou non la réforme des institutions, adoptée par l’Assemblée nationale et le Sénat, en deuxième lecture. Et alors que le Chef de l’Etat a déclaré "si la réforme échoue, ce sera un échec pour tout le monde", le compte n’y est pas. Le Premier ministre François Fillon a d’ores et déjà annoncé qu’il ne démissionnerait pas même en cas de revers mais une défaite affaiblirait sans conteste la majorité et donnerait un second souffle à l’opposition.
Le Parlement est réuni aujourd’hui à Versailles pour adopter le texte sur la réforme constitutionnelle chère au chef de l’Etat. Les données sont simples : il faut la majorité des 3/5e pour valider le texte. Ainsi, sur 906 parlementaires, le camp des oui réunirait 535 votes, partagés entre l’UMP, le centre, le Parti radical de gauche, les divers gauche et les radicaux.
Dans l’opposition, le PS, excepté Jack Lang, a déjà annoncé qu’il dirait "non", suivi par le PC, les Verts, 11 UMP, trois centristes pour un total de 360 voix. Qu’ils soient de droite ou de gauche, certains hésitent encore, et c’est sur ceux-là que la majorité a tout misé. Coups de fil amicaux de Sarkozy depuis Marrakech, rendez-vous élyséens, tout est bon pour les inciter à voter oui. Car selon Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, la victoire se jouerait "à quatre voix près".
Badinter : "Une monocratie"
Si selon Nicolas Sarkozy, cette réforme est nécessaire pour "faire émerger une démocratie exemplaire", la gauche ne donne pas la même définition. "Nicolas Sarkozy prétend renforcer les droits du Parlement, a commenté François Hollande le premier secrétaire du PS, mais c'est lui qui fixe les règles du jeu. Il condescend à comptabiliser son temps de parole dans les médias mais seulement quand il s'exprime sur la politique française. Ses interventions quotidiennes dans les journaux télévisés resteront donc sans réponse ?"
Pour tenter de rassurer la gauche, Nicolas Sarkozy a consenti quelques efforts. Outre la comptabilisation de son temps de parole dans celui de la majorité, le Président autorisera l’opposition à créer des commissions d’enquête et fixe à 15 le seuil nécessaire pour constituer un groupe à l’Assemblée nationale.
Trop peu pour la gauche qui réprouve l’article selon lequel le Président peut s’exprimer devant le Parlement, chose impensable jusque-là. Par rapport à ce sujet de discorde, l’ancien Garde des Sceaux Robert Badinter parle même d'un système qui tend de plus en plus vers une "monocratie".
Marie VARNIEU. (www.lepetitjournal.com) lundi 21 juillet 2008