Etrange : Tapie n'a plus un seul copain

Publié le par PRG

Marrianne 2 le 13 aout 2008
Par Jean-François Probst. Si on en croit Christine Lagarde, Bernard Tapie n'a plus d'amis, il est donc normal qu'on ait préféré la décision de la commission arbitrale à celle de la justice. Dans ce cas-là, les membres de ladite commission ne devraient pas avoir peur de s'expliquer!



(Photo cc-rajuvaidyazuiq-Flickr)
(Photo cc-rajuvaidyazuiq-Flickr)
Madame Christine Lagarde n'a pas une tête, dit-elle, à être copine avec Monsieur Bernard Tapie. Elle est bien une des rares à professer ce type d'ostracisme par rapport à l'acteur, ancien ministre de gouvernement socialiste et virtuellement voyou banlieusard au grand coeur. Des copains et les copines, l'ancien discutable patron de l'Olympique de Marseille en a eu en pagaille: depuis la « Vie Claire», l'équipe cycliste du Tour de France, épreuve déjà suspectée de dopage, en passant par toutes les sociétés bancales achetées par « Bernard Tapie Finances » et les conseils de Jean-Louis Borloo ; Rocard, Chabridon, Mitterrand, Kouchner, Charasse, Baylet, Copé, Hortefeux, Sarkozy, furent les copains de Nanard. Oh, il y en eut bien d'autres des copains, tels Bouygues, Lelay ou l'avocat Szpiner. Pour avoir tenté de couillonner les autres, l'incroyable Bernard Tapie a déjà payé, et assez cher, ses turpitudes dans les milieux frelatés du business et du football. En politique, après diverses fortunes en PACA et au ministère médiatisé de la Ville, sans grands résultats tangibles, il a surtout réussi à devenir l'ennemi de Jospin, des socialistes et des mitterrandiens « Canal Historique ».
Dans la ténébreuse, longue et rocambolesque affaire du Crédit Lyonnais-Adidas-Tapie, l'hyper malin Bernard était en réalité parvenu à se faire rouler dans la farine par les banquiers. Bien avant les faillites des banques anglo-américaines d'aujourd'hui et les déconnantes institutionnelles actuelles genre Société Générale de Bouton-Kerviel, le Crédit Lyonnais et la SDBO étaient capables de faire du mauvais argent, sur le dos de moutons à tondre : Tapie, ayant déjà connu la prison, n'a pas voulu qu'il soit dit qu'en plus, il était inscrit « ducon » sur sa casquette. Il s'est battu, il a trouvé des arrangements avec l'Etat, au détriment, semble-t-il, et en tout cas au grand dam des contribuables.

Mazeaud et Bredin doivent s'expliquer

Qu'en pense le SDR? Qu'en pensent les dirigeants successifs du Lyonnais? Il sera bon que la Commission des Finances du Sénat puisse auditionner Messieurs Mazeaud et Bredin, deux des membres de la commission arbitrale, dont l'Etat a préféré la décision, grande première, plutôt que la décision de justice. Provocation, arrangement, choix politique de l'ex avocate d'affaires Christine Lagarde, soit ! Mais le Sénat s'honorerait s'il entendait, en réunissant une commission parlementaire spéciale, Christine Lagarde, le directeur des impôts, le directeur du trésor, les responsables successifs, depuis 20 ans, des affaires scabreuses du Lyonnais et enfin, conjointement Monsieur Tapie et Monsieur Mazeaud. En fait d'arbitrage, Pierre Mazeaud, ancien grimpeur de l'Everest , s'était avéré malhabile au moment du conflit français ivoirien, en se ridiculisant à Marcoussis, siège de la fédération française de rugby , en portant gravement préjudice aux intérêts de la France en Afrique. Ceci est une autre affaire, mais aujourd'hui François Bayrou et Jean-marc Ayrault ont raison de demander eux aussi la constitution d'une commission d'enquête parlementaire de l'Assemblée Nationale. Le Conseil Economique et Social, ne servant décidément à rien, il vaudrait mieux le dissoudre. Mais le devoir de l'Assemblée Nationale et du Sénat, dans les affaires Crédit Lyonnais-Tapie qui concernent tous les contribuables de France, à un moment où la situation économique du pays est gravissime, le devoir express est d'éclairer nos concitoyens. Les éclairer d'abord sur les conditions de l'arbitrage Mazeaud-Bredin. Est-il vrai que Pierre Mazeaud a accepté 300.000 euros pour l'examen de cette affaire ? Enfin les parlementaires, députés et sénateurs, qui peuvent maintenant entendre le Président de la République au congrès seraient bien inspirés de confirmer que ni Madame Lagarde, ni quiconque à l'Elysée, n'aurait pu faire pression sur la justice ou sur cette chambre arbitrale privée. Il en va de la crédibilité de la France dans le monde, c'est la condition pour que nos partenaires en Europe continuent de croire que notre pays est un état de droit.


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