Une Gauche éparpillée

Publié le par PRG

La gauche façon puzzle. Ce week-end, de la Fête de l’Humanité à la fédération PS du Nord en passant par le conseil national des Verts, la gauche est apparue plus éparpillée que jamais.
Libération , le lundi 15 septembre 2008

La gauche… durable ?

12 h 30. Fête de l’Humanité, sur la pelouse derrière le stand du conseil national du PCF. Tous les chefs de la gauche sont là - sauf Olivier Besancenot - assis autour d’une table en plastique. «C’est le premier acte du rassemblement de la gauche sur des idées et des projets», affirme, solennel, François Hollande (PS). Marie-George Buffet (PCF) réclame du «solide» sur des questions comme «nouvelle croissance ou décroissance». «Entendre décroissance dans la bouche de Marie-George, c’est un bon début!», rigole Cécile Duflot (Verts). Les trois leaders conviennent en tout cas de se revoir avant la fin du mois pour un séminaire «sans micros ni caméras». «D’accord, plaisante Hollande, mais sans téléphone portable, ça va être dur.». Il cherche plus sérieusement une formule : «Après l’union de la gauche qui a permis la victoire de 1981 et la gauche plurielle de 1997… La gauche durable ?» Pas franchement nouvelle, mais bon…

Cécile Duflot se réjouit quand même que tout le monde soit prêt «à mettre les mains dans le cambouis, contrairement à Besancenot». «Quand on est révolutionnaire, on veut changer les choses», abonde Buffet. Puis elle se lève brusquement : «Excusez-nous, mais on a le 13 heures de TF1 et c’est le seul de l’année !», lâche un de ses proches.

Besancenot s’incruste

14 heures. Fête de l’Humanité. Stand de la LCR désormais siglé Nouveau parti anticapitaliste (NPA). «Je tape pas l’incruste», assure Olivier Besancenot, qui nie «s’être plaint» de ne pas être invité au débat entre leaders de gauche. «Le PC invite qui il le souhaite. Mais un paquet de militants communistes préfèrent discuter avec nous qu’avec la direction du PS», ironise-t-il. «Des communistes rejoignent par centaines les comités NPA», ajoute un dirigeant de la LCR. Dans l’allée toute proche, une jeune militante du NPA appelle les communistes «à créer ensemble un nouveau parti». «Buffet a la soixantaine, Besancenot est beau gosse et sans bedaine !», lance-t-elle.

Besancenot semble néanmoins redouter d’être marginalisé dans la riposte à Sarkozy, son terrain de prédilection : «Avec le PS, c’est le tout ou rien : soit vous êtes avec eux dans la perspective d’une gauche plurielle, soit vous êtes infréquentable dans les luttes. Il y a un juste milieu.»

En attendant la gauche…

16 heures. Fête de l’Huma. Au débat «La vraie gauche, c’est quoi?» de la Revue Mouvement, ça se dégrade vite entre camarades . «A gauche, c’est "En attendant Godot". Il faut qu’il se passe quelque chose. On riposte,mais il faut réarmer le projet», lâche Olivier Dartigolles (PCF). François Sabado, historique de la LCR, accuse le socialiste Henri Weber de proposer «une politique de compromis» avec le libéralisme financier, alors qu’il n’y a «plus de grain à moudre». «Face au pur capitalisme, il faut un anticapitalisme pur !», hurle le trotskiste. Il y a, selon lui, «deux gauches» : le NPA qui construira «à terme un rapport de forces favorable aux ouvriers» et la gauche molle. «Et en attendant de mourir guéris, on fait quoi ?, s’insurge le Vert Noël Mamère. Moi je me méfie de tout ce qui est pur, car je connais mon histoire du XXe siècle.» «La LCR vient nous piller, on est trop con de l’inviter !», lâche Matthieu, jeune militant PCF. «Avec les deux gauches, on ne pourra pas se réunir et on va se prendre dix ans de sarkozysme. En prenez-vous la responsabilité ?», fulmine Dartigolles. Conclusion de Weber : «Le discours de Besancenot a quelque chose de désespérant. Si la réforme n’est pas possible et la révolution pas à l’ordre du jour, qu’est-ce-qu’on fait ?».

Des Verts unis avec Dany

17 heures. Conseil national des Verts, à Paris, Belleville. Présent, Dany Cohn Bendit n’en croit pas ses oreilles : «Des Verts qui deviennent matures et capables de s’élargir !» L’ex-leader de 68 leur propose sa candidature «à une des deux têtes de listes de l’Ile-de-France» pour le rassemblement des écologistes de tout poil aux européennes de juin 2009. Et accepte qu’elle soit validée par leurs instances les 17 et 18 janvier prochains : «Je suis vert européen et je passerai par la procédure des Verts. Je veux un oui franc et massif pour qu’on dise dans la société : "C’est incroyable, il se passe quelque chose, un événement historique dans la galaxie écologiste"», lance l’eurodéputé. Dans la foulée, les Verts acceptent à l’unanimité - «zéro voix contre, zéro abstention» - de s’inscrire dans ce rassemblement. Sans en être les chefs. José Bové appelle Cécile Duflot sur son portable. Jean-Paul Besset, proche de Hulot, et Yannick Jadot, ex-de Greenpeace, envoient des SMS enthousiastes. «Un moment de grâce politique», se félicite Duflot.

Hollande refroidit Aubry

18 h 30. Université de rentrée des socialistes du Nord à Lomme, près de Lille. Il fait frais. «Moins de monde cette année…», soupire une militante. La journée s’annonçait crispée, après le coup de sang de Mauroy post-déjeuner Aubry-Fabius à la Rochelle. Ça s’est rafraîchi avec l’interview de Hollande dans la Voix du Nord du jour. Sans «[s’] exprimer pour un candidat», le futur ex-premier secrétaire lance à propos d’Aubry : «Ce qu’elle a fait depuis 2002 devrait plutôt la conduire à être avec Delanoë, moi et beaucoup d’autres.» Comment l’a-t-elle pris ? «Sans surprise…», minimise son entourage. A la tribune, elle est intarissable sur «la question sociale». Voilà Hollande, brouhaha, caméras. Bise à Aubry. A la tribune, il évoque son départ, rien sur un éventuel favori. Daniel Percheron, président de région, et figure de la puissante fédé du Pas-de-Calais, s’énerve : «Que dirait-on d’un maire qui partirait sans désigner de successeur, et laisserait ses adjoints se battre entre eux ? Un premier secrétaire ne doit pas transformer son départ en agonie du parti.»

Publié dans article sur le PRG

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