"Délit de solidarité: Les sénateurs radicaux de gauche n'ont pas dit leurs derniers mots

Publié le par PRG

L'Humanité le 9 Avril 2009
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lidarité . Alors qu’Éric Besson nie toujours l’existence d’un « délit de solidarité », des milliers d’« aidants » se sont livrés symboliquement à la justice.

Certains sont venus avec des menottes. D’autres avec des pancartes. « Je suis délinquant car j’aide les sans-papiers. Arrêtez-moi sinon je récidive. » Tous abordent fièrement l’autocollant : « Aidant, je suis prêt à être poursuivi. » Ils étaient 1 100 selon la police, le double selon les organisateurs, hier à Paris en milieu de journée, venus se constituer symboliquement prisonniers pour avoir aidé des sans-papiers.

un « mythe » pour Éric besson…

Pour remplir les quotas définis par le ministère de l’Immigration, qui a déjà prévu d’arrêter, d’ici à 2011, 5 500 « aidants », associatifs, syndicalistes et politiques s’étaient donné rendez-vous devant les palais de justice de plusieurs villes de France à l’appel d’une cinquantaine d’associations. « Si la solidarité devient un délit, nous demandons à être poursuivis pour ce délit », disent-ils dans une pétition déjà signée par plus de 10 000 personnes (1).

Les déclarations d’Éric Besson sur France Inter le matin même sont dans toutes les têtes. Interrogé sur le fameux article L. 622-1 du code des étrangers qui punit de cinq ans de prison l’aide au séjour, le ministre de l’Immigration n’a pas hésité à multiplier les contre-vérités, affirmant qu’il s’agissait d’un « mythe » et que « tous ceux qui aident de bonne foi un étranger en situation irrégulière doivent savoir qu’ils ne risquent rien ».

Pas de quoi rassurer les manifestants qui sont les mieux placés pour savoir ce qu’il en retourne réellement. « Le climat est délétère depuis plusieurs mois, dénonce Laurent Giovannoni de la Cimade. Il y a même des contrôles de police à proximité immédiate des centres d’accueil. » Henri Leclerc, de la Ligue des droits de l’homme, en perd son sang-froid : « Comment monsieur Besson ose-t-il dire qu’il n’y a rien ? Qu’on ne nous dise pas que ce délit n’existe que pour les passeurs, il existe pour tout le monde. »

… une réalité pour les militants

Pour prouver à Éric Besson qu’ils ne sont pas des mystificateurs, les militants déjà poursuivis pour avoir aidé un sans-papiers défilent sur la tribune improvisée. André Barthélemy, soixante-douze ans, président d’Agir ensemble pour les droits de l’homme, condamné récemment à 1 500 euros d’amende pour s’être opposé à une expulsion dans un avion, ou encore Pierre Lauret, l’un des trois philosophes poursuivis pour « entrave à la circulation d’un aéronef ».

Le scientifique Albert Jacquard, la socialiste Martine Aubry, le communiste Pierre Laurent et le chanteur Cali sont venus apporter leur soutien à l’initiative. Dans le silence, défile ensuite un nombre interminable de personnes, déclarant haut et fort : « J’ai aidé et j’aiderai encore des sans-papiers. Je demande à être poursuivi pour ce délit de solidarité. »

Mauvaise nouvelle dans cette journée de lutte et de mobilisations, la commission des lois de l’Assemblée nationale a rejeté hier la proposition de loi socialiste visant à dépénaliser l’aide aux clandestins. Reste la proposition de loi du groupe communiste au Sénat, à laquelle s’est ajoutée, hier, une nouvelle proposition du groupe des radicaux de gauche visant également à modifier l’article L. 622-1 afin qu’il ne soit plus une menace pour les humanitaires.

(1) Sur le site Internet www.delinquants-solidaires.org

Publié dans article sur le PRG

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