Seine-Saint-Denis : polémique autour d'une chanson étudiée en collège

Publié le par PRG

BOBIGNY, 18 novembre 2008 (AFP) - Philippe Dallier, maire UMP de Pavillons-sous-Bois et sénateur de Seine-Saint-Denis, a demandé mardi le retrait d'une chanson sur sa ville, "injurieuse" et "ambiguë" selon lui, étudiée dans le cadre d'une action pédagogique proposée à 1.200 collégiens.

Signée Bertrand Soulier, auteur-interprète de 37 ans sélectionné pour le prix Adami-Bruno Coquatrix 2009, "Pavillons-sous-Bois" fait partie des 20 chansons programmées par l'association Chroma lors de "Zebrock au bahut", une opération qui permet depuis 19 ans de faire découvrir la musique à des élèves du 93 au travers d'ateliers-débats, concerts et rencontres.

Dans ce texte tiré de l'album "Discorama ou le best of imaginaire" (Aurora Borealis 2008), M. Soulier se met dans la peau d'un chanteur évoquant, à la fin des années 1980, son enfance (la sienne), banale et plutôt heureuse à Pavillons, mais redoutant un avenir assombri par les communautarismes alors que le Front national réalise de hauts scores.

"Je ne retournerai plus là-bas/l'enfance est un monde englouti/Comme l'Atlantide/Comme le Conforama/Tout a brûlé, tout est pourri" et "Je n'verrai pas l'église/Ni la mosquée/Le maire Front Nat'/Et la boucherie Hallal", écrit-il.

Le texte figure sur un CD et un livret distribués à 65 classes (1.200 collégiens). Cette opération est principalement financée par le Conseil général (380.000 euros) mais aussi la région et l'Etat.

"Il est inadmissible que ce texte très ambigu et source d'amalgames soit un matériel pédagogique", s'insurge M. Dallier. Il pointe une "faute" de l'association tout en estimant que Zebrock "est une opération intéressante".

Le maire demandera mercredi à son conseil municipal, réuni en session extraordinaire, de voter un voeu de retrait du texte et la possibilité d'attaquer en justice son auteur ou ses diffuseurs pour injure publique.

Le groupe UMP/NC/DVD du conseil général a exigé de son côté des "excuses" officielles du président du Conseil général, Claude Bartolone (PS).

"Le texte prête à confusion", a réagi le département par la voie de son service de presse. Sans envisager toutefois de retrait, le conseil général "rappelle qu'il n'est pas admissible qu'un élu républicain comme M. Dallier se voit accoler une étiquette qui n'est pas la sienne" et déplore que ce texte "participe à une stigmatisation du 93".

Joint par l'AFP, M. Soulier s'est dit "décontenancé" par la polémique, persuadé que son public sait "décoder" ses textes. L'association Chroma, qui n'entend pas le retirer de sa programmation, a publié sur son site un guide de lecture de la chanson.

Selon le rectorat, "l'Education nationale n'a pas été consultée avant la diffusion du document" et une réunion est prévue dans les prochains jours à l'initiative de la préfète à l'égalité des chances "pour faire le point" sur cette affaire.

Publié dans dépêches

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article