Plan français: la récession évitée, mais une relance incertaine

Publié le par PRG

PARIS, 5 décembre 2008 (AFP) - Le plan de relance présenté jeudi par Nicolas Sarkozy devrait permettre à la France d'éviter la récession l'an prochain mais certains économistes estiment déjà qu'un deuxième plan sera nécessaire pour sortir l'économie française de l'ornière.

Malgré l'impact positif attendu de l'injection dans l'économie des 26 milliards d'euros du plan de relance, la prévision de croissance du gouvernement pour 2009 reste de seulement 0,2 à 0,5%, a prévenu la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.

"La situation change de semaine en semaine et on ne modifie pas la prévision pour l'instant", a-t-elle dit.

L'Elysée estime pourtant que le plan doit se traduire en 2009 par un gain supplémentaire de 0,6 point de croissance, voire 1 point au total si l'on y ajoute les effets des mesures anti-crise annoncées récemment.

Mais dans l'entourage de Mme Lagarde, on avertit que les "prévisions sont mauvaises" et que des "enquêtes de conjoncture extrêmement faibles" laissent penser que sans le plan de relance, le gouvernement aurait été contraint de revoir une nouvelle fois ses prévisions de croissance en nette baisse.

Autrement dit d'annoncer une récession pour l'an prochain, comme l'OCDE ou le FMI.

Malgré les ambitions affichées par le chef de l'Etat et ses effets bénéfiques, le "plan de relance" ressemble plus pour les économistes à un "plan de soutien", défensif et décidé dans l'urgence.

"On en est encore au Samu qui prend l'accidenté sur le bord du trottoir et lui met de l'oxygène", estime ainsi Jacques Attali, nommé l'an dernier par Nicolas Sarkozy à la tête d'une Commission pour la libération de la croissance française.

"La prise de conscience de l'importance de la crise en janvier-février, en particulier en matière de chômage, de dérèglement de l'économie mondiale et de concurrence des monnaies, entraînera la nécessité d'un autre plan", juge-t-il.

Comme lui, d'autres économistes estiment d'ores et déjà inévitable que le gouvernement lance rapidement un second plan s'il veut réellement faire redécoller l'économie.

Le plan de relance est majoritairement axé sur l'investissement des entreprises, dans l'objectif de soutenir l'emploi. Mais pour ces experts, il néglige les ménages et leur consommation, principal moteur de la croissance française ces dernières années.

"Il aurait fallu faire une vraie demande de la relance et de la consommation, faire des chèques plus généreux aux ménages", tranche Philippe Aghion, enseignant à Harvard, cité par le quotidien Le Monde.

Malgré l'envoi d'un chèque de 200 euros aux futurs bénéficiaires du RSA, "il manque vraiment un volet important du côté ménages", dont beaucoup "ne bénéficient pas de mesures spécifiques de relance", relève Mathieu Plane, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Pour Christian Saint-Etienne, professeur d'économie, le "cataclysme" économique pourrait bien se poursuivre au-delà du premier semestre 2009 auquel cas, "si j'étais Nicolas Sarkozy, j'aurais déjà une équipe qui prépare le plan de relance suivant, d'une ampleur sans commune mesure avec celui-ci".

Le Commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia, a d'ailleurs souligné vendredi que le "stimulus budgétaire" serait nécessaire aussi longtemps que la récession se ferait sentir.

Mais avec un déficit qui atteindra 3,9% du PIB l'an prochain, bien au-delà de la limite de 3% autorisée par Bruxelles, les marges de manoeuvre de la France pour une nouvelle relance apparaissent extrêmement étroites.

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