Ségolène Royal, l'audace à toute épreuve

Publié le par PRG

REIMS, 14 novembre 2008 (AFP) - Son sourire cache une volonté de fer, sa réserve, une audace hors normes: en déclarant vendredi sa candidature à la direction du PS, Ségolène Royal, 55 ans, s'affirme envers et contre tous, et ose.

L'ex-candidate à la présidentielle a bousculé le Congrès de Reims qui venait à peine de démarrer dans la confusion -sans texte majoritaire-, en annonçant qu'elle souhaitait succéder à François Hollande à la tête du parti.

Prenant ses rivaux de vitesse, elle en a profité pour faire savoir que si elle était élue jeudi prochain par les militants, elle nommerait Vincent Peillon "premier secrétaire délégué". Ce qui permettrait à la "dame blanche" de prendre de la hauteur dans la perspective de 2012.

Ce qui fait la force de cette Lorraine élevée à la dure, c'est d'abord de croire en elle-même. Et en son destin national, malgré les ricanements et les haussements d'épaule. "Je ne crains rien, je trace ma route", répète-t-elle.

La présidente de la région Poitou-Charentes ne prend de précautions ni avec la droite, qui s'étrangle régulièrement devant ses emportements contre "le pouvoir en place", ni avec son parti, snobant parfois ses réunions, préférant délivrer son message aux journalistes.

Le PS qu'elle veut aujourd'hui dompter, elle l'a souvent bousculé et éreinté: une machine "lourdingue", dira-t-elle après la campagne présidentielle. Ségolène Royal "n'a pas le sens du travail collectif", entend-on rue de Solférino comme un refrain, elle "fait les extérieurs", passant outre les prises de position du parti, elle qui réclame pourtant maintenant "de la discipline".

Elle joue les militants contre l'appareil, tout en s'assurant du soutien de fédérations symboles du "vieux parti" comme les Bouches-du-Rhône et l'Hérault.

De l'opinion, cette femme belle, élégante et souriante veut faire le vecteur de ses conquêtes, au risque d'être accusée de populisme.

En ces temps de disette du pouvoir d'achat, elle cloue au pilori les banques et les compagnies pétrolières qui "s'enrichissent avec l'argent des petits", et défile avec les salariés de la CAMIF montés de Niort à Paris.

De ses "17 millions de voix" amassées au second tour de la présidentielle, Ségolène Royal a fait un capital politique durable. C'est de loin la personnalité la plus populaire dans l'électorat de gauche. Fille d'officier issue d'une famille de huit enfants, elle a déjà une longue carrière politique derrière elle: députée des Deux-Sèvres de 1988 à 2007, trois fois ministre.

Cette énarque rompt avec la novlangue socialiste en prêchant qu'il faut "s'aimer les uns les autres", fait de chaque citoyen "un expert", anime des réunions "participatives".

Sa campagne l'a fait mûrir: plus solide dans ses interventions médiatiques, elle connaît mieux les dossiers. Presque seule lorsqu'elle s'impose comme candidate socialiste à l'Elysée, elle a depuis tissé sa toile et s'est entourée d'une équipe de jeunes responsables politiques.

Avec un sens tactique consommé, Mme Royal surjoue de son statut de victime des caciques socialistes, affirmant la main sur le coeur qu'elle "ne fait jamais d'attaques personnelles". Ce qui n'empêche pas des mots cruels et humiliants pour son ex-compagnon, François Hollande.

Elle n'a pas son pareil pour prendre à contrepied ses rivaux, surgir quand on ne l'attend pas. En difficulté, elle s'attire de la reconnaissance en mettant "au Frigidaire" sa candidature à la direction du parti, se contente de quelques réunions de campagne interne pour revenir en force au soir du vote des militants.

tma/ms/DS

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S
Après le désistement de Bertrand DELANOE,je pense que Ségolene ROYAL aura du mal à avoir la majorité surtout après le départ de certains leaders du PS,ex Mélenchon,et devant une adversité costaud en Martine AUBRY qui semble en mesure d'enlever le Poste de Secrétaire Générale.Un match à trois.Néanmoins je partage un peu le sens de l'article que vous avez écrit.Bien amicalement à vous.Jean SEGARD à CALAIS BLOG SEGARD SANGATT...
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